17 septembre - 24ème dimanche du temps ordinaire - Pardonner jusqu'à 70 fois sept fois — Paroisse de Gray

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17 septembre - 24ème dimanche du temps ordinaire - Pardonner jusqu'à 70 fois sept fois

LA DEMESURE DE L'AMOUR ET DU PARDON, tel est l'enseignement de la parole de dieu en ce dimanche. Puisque Dieu nous fait grâce sans compter, à nous de faire de même, d'être exemplaires envers notre prochain. Que le Seigneur nous aide à pardonner. Puissions-nous devenir, en ce monde, de bons ouvriers du Royaume (Prions en Eglise)

DIMANCHE 17 SEPEMBRE - 10h00 - MESSE - BASILIQUE NOTRE-DAME

CLÉS DE LECTURE DIMANCHE 17 SEPTEMBRE 2023 - PRIONS EN ÉGLISE

DES LIMITES A LA MISÉRICORDE ?
Le pardon aux autres et à soi-même est chose difficile.
Le geste libérateur du pardon est pourtant vital au sein de la communauté :
il s’avère la seule réponse adéquate aux innombrables pardons reçus de Dieu.


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PREMIÈRE LECTURE | Siracide 27, 30 – 28, 7
C’est un véritable petit traité sur le pardon que nous livre ici le sage Ben Sira. Petit traité qui est le résultat d’une fine analyse du comportement humain et qui sait dénoncer les attitudes contraires au pardon : vengeance, colère, absence de pitié, rancune, haine. Mais le Sage sait surtout fournir des motivations positives en faveur du pardon : « Pense à ton sort final […] aux commandements […] à l’Alliance. » L’exhortation de Ben Sira à pardonner à son prochain pour pouvoir recevoir le pardon de Dieu anticipe admirablement la prière que Jésus nous a enseignée : « Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs » (Mt 6, 12).

Lecture du livre de Ben Sira le Sage (27, 30 – 28, 7)
« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis »
Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas.
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PSAUME | Psaume 102
Le psaume 102 renchérit sur les propos de Ben Sira, alors qu’il évoque avec bonheur les nombreux bienfaits que Dieu prodigue à l’homme et s’attarde notamment sur le pardon divin. Le refrain est une véritable profession de foi au Dieu qui s’est révélé à Moïse comme étant « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour » (Ex 34, 6). Mais le psalmiste ne fait pas que répéter ce refrain classique. Il approfondit le sujet et s’émerveille de voir l’étendue de la miséricorde de Dieu : « Il pardonne toutes tes offenses […], ne nous rend pas selon nos offenses […], aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés. » Une telle prise de conscience ne peut qu’inciter les croyants à se montrer eux-mêmes miséricordieux envers les autres.

Psaume 102 
Refrain: Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour.
Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! 
Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. 
Il n’est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. 
Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés. 
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DEUXIÈME LECTURE | Romains 14, 7-9
Saint Paul insiste pour dire que la vie chrétienne n’est pas seulement affaire de doctrine. L’apôtre sait d’expérience que la vie et la mort se côtoient et s’affrontent dans un combat perpétuel. Mais on sent dans ses propos un parti pris pour la vie. Parti pris qui lui vient de sa foi en la résurrection du Christ et de l’impact qu’elle a sur notre propre vie. Quoi qu’il arrive, « dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur ». Rien de cette vie – souffrance, rejet, ou même la mort – ne peut remettre en cause cette appartenance au Christ. L’argument de Paul rejoint celui que Jésus avait servi aux pharisiens : le Dieu de l’Alliance – ancienne et nouvelle – « n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ».

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (14, 7-9)
« Si nous vivons, si nous mourons, c’est pour le Seigneur »
Frères, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.
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ÉVANGILE | Matthieu 18, 21-35
Faut-il calculer les pardons que nous accordons ? Pierre semble penser que oui : « jusqu’à sept fois » serait selon lui une proposition raisonnable, voire idéale, étant donné que le chiffre sept indique une plénitude. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi : selon lui, il faut pardonner « jusqu’à 70 fois sept fois », c’est-à-dire jusqu’à la plénitude multipliée par dix fois la plénitude ! Autrement dit, il faut toujours pardonner. Ce n’est pas une question de mathématique, mais d’imitation du « Père du ciel » qui ne refuse jamais le pardon à qui le lui demande. La miséricorde de Dieu défie tous les calculs.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (18, 21-35)
« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois »
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
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LE ROYAUME EN HÉRITAGE
Commentaire du dimanche, Karem Bustica, rédactrice en chef de Prions en Église

Nous sommes les héritiers du royaume de Dieu. Les Cieux sont notre patrimoine. Une fois encore, Jésus raconte à quoi ressemble ce Royaume : il est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Au cœur large et généreux du roi, l’histoire oppose la violence mesquine du serviteur. Peut-être pour nous aider à saisir combien est gratuit l’amour que Dieu nous porte ? Pour nous mettre en garde contre les dérives dans lesquelles peut nous conduire notre péché ? Pour nous rappeler que Dieu est un Père qui attend que nous devenions frères et sœurs les uns des autres, pour de bon ? Alors que Pierre parle « fautes » et « pardon », Jésus répond « royaume des Cieux » et « règlement des comptes ». Comme si, au moment de compter, il n’y avait que le pardon qui comptait ! Suivre Jésus, c’est désormais sortir de la loi du talion « œil pour œil, dent pour dent » pour entrer dans le chemin de la réconciliation. Non pas pour minimiser ni oublier la faute commise ou subie – puisque pour la plupart d’entre nous le chemin de la réconciliation est long, douloureux et semé d’embûches –, mais pour laisser Jésus nous rejoindre dans un chemin de résurrection. Et une fois sur ce chemin, découvrir que le pardon est une grâce, qu’elle vient de Dieu, et uniquement de lui. Faire l’expérience du pardon de Dieu, c’est recevoir l’héritage qui nous est promis : le royaume des Cieux.
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TOUT POUR LE SEIGNEUR
Méditation biblique - Lettre aux Romains 14, 7-9
Emmanuelle Billoteau, ermite, Prions en Église

Le temps de l’observation
La deuxième lecture de ce jour (Rm 14, 7-9) est insérée dans un contexte qui parle de la communauté chrétienne où des forts et des faibles vivent leur aventure de foi, avec les juge­ments que peut entraîner cette différence. Ici, il s’agit principalement de l’attitude face aux aliments. Certains, les « faibles », semblent entravés dans leur liberté, se conformant par scrupule aux observances du judaïsme auxquelles ils ne sont plus tenus. Paul s’applique donc à casser les jugements des « forts », tentés de mépriser les « faibles ». Pour cela, il rappelle la commune appartenance des chrétiens au Christ qui, par l’événement pascal, est devenu le Seigneur de chacun. Ce qui disqualifie tout jugement d’un humain sur un autre humain. Cette dimension d’appartenance, qui parcourt ­l’Ancien Testament, est la conséquence de l­’Alliance passée entre Dieu et Israël. Une réalité exigeante et parfois ressentie comme lourde, mais qui peut être aussi une source de joie : « La part qui me revient fait mes ­délices » (Ps 15, 6).

Le temps de la méditation
Ces versets nous invitent à transformer notre propension humaine à juger autrui en un tremplin. Ce qui conduit à nous resituer en vérité ­devant Dieu à qui nous sommes unis de par notre création et notre salut. Nous ne pouvons plus nous prendre comme le point de référence absolu et notre vie est appelée à devenir une offrande à la gloire de Dieu. Cette perception de nous-mêmes nous permet alors de jeter un regard différent sur l’autre, de prendre en compte la ­volonté de vie que Dieu a sur lui et son appartenance au Seigneur : « Dieu l’a accueilli lui aussi. Toi, qui es-tu pour juger le serviteur d’un autre ? Qu’il tienne debout ou qu’il tombe, cela ­regarde son maître à lui » (Rm 14, 3-4). Dans son ensemble, le chapitre 14 de la lettre aux Romains nous permet de suivre cette dynamique de la conversion qui nous incombe. Les pensées de jugement vis-à-vis d’autrui peuvent nous déborder, certes, mais il nous appartient de ne pas nous laisser submerger et d’en faire le point de départ­ d’un renouveau spirituel et d’un élargissement du cœur.