29 janvier - 4ème dimanche du temps ordinaire - "Heureux les coeurs purs" — Paroisse de Gray

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Paroisse de Gray Paroisse de Gray

29 janvier - 4ème dimanche du temps ordinaire - "Heureux les coeurs purs"

HEUREUX LES PAUVRES, HEUREUX LES FAIBLES !
Le Seigneur leur porte un amour de prédilection, lui qui s'est fait pauvre pour nous enrichir de sa vie. Sachons entendre son appel. (Prions en Eglise)

DIMANCHE 29 JANVIER - 10h00 - MESSE À LA BASILIQUE

« Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu.» (Matthieu 5,8)

CLÉS DE LECTURE DIMANCHE 29 JANVIER 2023
  Bonheur des petits et des humbles
Sophonie dénonce l’insouciance et l’irresponsabilité de ceux qui pratiquent violence et fraude sans se soucier du « jour du Seigneur ». Seuls ceux qui cherchent la justice et l’humilité échappent à la colère du Seigneur.
Ce sont « les pauvres de cœur » du psaume et des Béatitudes. 

 

PREMIÈRE LECTURE | Sophonie 2, 3 ; 3, 12-13
Sophonie fait partie du rouleau des douze prophètes dits « mineurs », en raison seulement de la brièveté de chacun de ces livres. Leur importance est loin d’être négligeable, puisqu’on trouve parmi eux des prophètes comme Osée, Amos, Joël et Zacharie. Sophonie serait contemporain du roi Josias et de sa réforme deutéronomique. L’extrait d’aujourd’hui est d’ailleurs empreint d’un esprit nouveau : religion du cœur, humilité, recherche de la justice et rejet des paroles mensongères. Certes, « il est proche, le jour du Seigneur » (So 1, 7. 14), mais le « peuple pauvre et petit » trouve un « abri » sûr dans « le nom du Seigneur » et « nul ne viendra les effrayer »

Lecture 
Cherchez le Seigneur, vous tous, les humbles du pays, qui accomplissez sa loi. Cherchez la justice, cherchez l’humilité : peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du Seigneur. Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ; il prendra pour abri le nom du Seigneur. Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ; ils ne diront plus de mensonge ; dans leur bouche, plus de langage trompeur. Mais ils pourront paître et se reposer, nul ne viendra les effrayer.

PSAUME | Psaume 145
Le psaume 145 comporte des accents prophétiques incontestables et confirme l’amour préférentiel de Dieu pour les humbles, les opprimés, les affamés, les enchaînés, les accablés, etc. Coiffé du refrain « Heureux les pauvres de cœur », il nous introduit déjà au magnifique discours de Jésus sur les Béatitudes. On comprend facilement pourquoi la liturgie a choisi la première Béatitude de Jésus dans l’évangile de Matthieu comme refrain du psaume, et la lecture entière de ce psaume nous fera entendre des échos du Notre Père et du Magnificat, prières par excellence des pauvres de Yhwh.

Psaume 145 
Refrain: Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux ! 
Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchaînés. 
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes. 
Le Seigneur protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin, Le Seigneur est ton Dieu pour toujours. 

DEUXIÈME LECTURE | 1 Corinthiens 1, 26-31
À l’époque de Paul, Corinthe est une ville portuaire prospère et très peuplée (environ un million d’habitants). C’est une ville multiethnique, multiculturelle, et multireligieuse. Il fallait beaucoup de courage et d’audace, ainsi qu’un brin de folie de l’aveu même de l’Apôtre, pour y implanter une communauté chrétienne. Paul n’essaie pas de concurrencer la sagesse des Grecs et il sait d’expérience que la sagesse de Dieu est tout autre que la sagesse mondaine : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi. » C’est donc avec beaucoup d’humilité qu’il s’adresse à ceux qui sont « d’origine modeste » et qui se sont attachés au Christ Jésus, « lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu

Lecture
Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu. C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rédemption. Ainsi, comme il est écrit : Celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur.

ÉVANGILE | Matthieu 5, 1-12 a
« Jésus gravit la montagne », comme le fit Moïse jadis. Mais à la différence de Moïse, il parle de sa propre autorité et il énonce la charte du royaume des Cieux : au lieu des commandements énoncés par Moïse, et souvent sous forme d’interdiction, Jésus livre une annonce de bonheur, avec pas moins de neuf Béatitudes. Il y a là un vaste programme de vie et une véritable révolution, car ce bonheur n’est pas celui de la vie mondaine qui cherche le succès, l’honneur, la puissance et la richesse. Jésus parle ici d’une richesse de vie intérieure et d’une justice qui peuvent s’attirer la persécution, l’insulte et la médisance pour un moment, mais qui, infailliblement, trouveront leur « récompense […] dans les cieux.»

 

 

Évangile
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »


 

_____________________________

COMMENTAIRE DU DIMANCHE
Tommy Scholtes, prêtre jésuite, Prions en Église Belgique

UN PEUPLE PAUVRE ET PETIT !

« Cherchez le Seigneur. » Invitation toujours nouvelle. Une définition toujours à reprendre, le chrétien comme chercheur de Dieu. Certains diront : « Nous l’avons trouvé. » Le temps de Noël écoulé a fait vivre cette rencontre. Mais le quotidien ­reprend le dessus. Continuer à le chercher, c’est reconnaître que l’humilité et la simplicité sont les chemins pour vivre la rencontre de Jésus. Si nous devenons un peuple « pauvre et petit », ce ne peut être en raison d’une désaffection, mais pour être de ceux qui ne commettront plus d’injustice ni n’utiliseront de langage trompeur. Là, nous avons encore du chemin à faire, individuellement et en communauté. La recherche de Dieu demeure un chemin d’humilité, et dans celle-ci, Dieu se retrouve. Non pas dans la fausse ­humilité mais dans celle qui s’apparente à la foi totale en Jésus qui vient combler. Dieu couvre de confusion « les sages » et il choisit ce qu’il y a de faible dans le monde. Notre premier réflexe est peut-être de nous positionner aux ­côtés des forts, ou sages aux yeux des hommes, alors qu’il s’agit de nous placer aux côtés des petits et des sans-voix, des faibles aux yeux des hommes, pour nous laisser habiter pleinement par la sagesse de Dieu par un chemin de justice et de sanctification. C’est là que les Béatitudes viennent nous combler. Elles expriment l’attente bienheureuse de l’œuvre que Dieu ne cesse d’accomplir en nous. Oui, c’est lui qui console, qui rassasie, qui est l’artisan de paix par excellence. Il sera à nos ­côtés si nous sommes persécutés pour la justice ou moqués à cause de lui.
Où nous situons-nous, auprès de qui ? aux ­côtés des forts ou des « petits » ? Quelle est notre attitude du cœur ? sagesse ou humilité ? 
 

________________

MÉDITATION BIBLIQUE
1ère lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens 1, 26-31
Marie-Laure Durand, bibliste, Prions en Église



DÉPLACER SON CENTRE DE GRAVITÉ

Le temps de l’observation
Il y a dans les propos de l’épître aux Corinthiens un décentrement radical. « Celui qui veut être fier, qu’il mette sa fierté dans le Seigneur. » La proposition met un terme à toutes les querelles d’ego, car la seule force qu’il vaille la peine de rechercher est celle qui vient de Dieu. Ce même constat traverse les psaumes et se retrouve dans la parole des prophètes. La force qui anime l’être humain ne vient pas de lui. Cette prise de conscience est libératoire car elle sort chacun d’une ­logique de concurrence, de perfection, d’acquisition, d’orgueil. Ce n’est pas à la recherche de compé­tences supplémentaires que l’être humain doit consacrer sa vie. Il a mieux à faire de son temps. L’énergie qu’il n’a plus à mettre là, il peut dès lors l’employer à faire confiance, à travailler pour la justice, à vivre en paix. Tout cela n’est possible que sur la base de ce déplacement du centre de gravité qui consiste à tirer sa force du Seigneur.
Le temps de la méditation
Une belle continuité traverse tous les textes du jour. Un seul et même message y est proclamé. Par différents biais, il raconte une sorte de mode d’emploi de la vie humaine. C’est peut-être le message le plus clair et le plus explicite que la Bible peut donner. La force de l’homme qui l’anime, son souffle, son énergie, sa vie profonde viennent d’ailleurs. Tout cela se reçoit de Dieu et vivre consciemment de ce décentrement de force change la donne. Jésus incarne et enseigne cette même réalité. Il montre ce à quoi une vie humaine peut ressembler quand elle tire sa vie de Dieu. Pour nous, cet enseignement est libérateur. Il nous invite à nous ­délier des conditionnements qui nous oppressent. En explicitant les enjeux véritables de notre vie, Dieu nous met au large. Et, après tout, n’est-ce pas précisément cela que l’on attend d’un chemin spirituel ? Peut-être le moment est-il venu d’expérimenter une autre façon d’exister !