7 novembre - 32ème dimanche du temps ordinaire — Paroisse de Gray

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7 novembre - 32ème dimanche du temps ordinaire

"Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres" (Marc 12, 43)
A travers le visage de deux femmes, deux veuves, une question se fait entendre : "Que donnes-tu ?"
On pourrait la prolonger ainsi : après de qui, quand et comment exerces-tu le don de l'hospitalité et du partage que Dieu a déposé en toi ? Deux femmes nous l'enseignent aujourd'hui, l'espérance ne dépend pas du poids de ce qui remplit nos jarres mais bien de l'élan que nous mettons à le partager. (Prions en Eglise)

MESSE A LA BASILIQUE A 10h00

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (12, 38-44)
En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
En ce temps-là,) Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

DES DONS AU SERVICE DE DIEU

Traditionnellement, la Bible considère les veuves, avec les étrangers et les orphelins, comme des nécessiteux, des personnes à aider car dépendantes, sans défense, ni moyens économiques ni sociaux. Pour autant, et c’est le cas dans les lectures de ce dimanche, l’Écriture en donne une image positive, car ces personnes mettent leur indigence au service de Dieu. Dans l’épisode du livre des Rois, au temps du prophète Élie, la figure de la veuve de Sarepta permet justement à Dieu de dire sa sollicitude pour son peuple. Car, comme chante le psaume, Dieu garde à jamais sa fidélité. Et même si la sécheresse et la pauvreté avaient détourné le peuple d’Israël vers les idoles, Dieu passe par la confiance de cette veuve païenne pour accomplir les paroles adressées au prophète et rappeler qu’il est Dieu pour toujours.
La figure de la veuve de l’évangile donne à Jésus l’occasion d’enseigner ses disciples sur la valeur des offrandes. Cette pauvre femme qui donne de son indigence représente le don ultime de Jésus dans sa mort et sa résurrection.
Ces deux femmes veuves et pauvres constituent des figures au travers desquelles Dieu se donne. Aujourd’hui, ce sont toutes les femmes de nos familles, amies ou collègues de travail, célibataires, épouses et mamans qui, par leurs choix généreux et leur souci du quotidien, nous révèlent la fidélité de Dieu envers chacun d’entre nous.

Karem Bustica, rédactrice en chef de Prions en Église
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PAR LA PORTE ETROITE

Premier livre des Rois 17, 10-16
En ces jours-là, le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.

 

 

Le temps de l’observation
Quand Élie demande de l’eau puis du pain à la veuve de Sarepta, sa réaction consiste simplement à décrire la réalité. Une cruche avec de l’eau, une poignée de farine dans une jatte, un peu d’huile dans un vase et quelques morceaux de bois ramassés par terre. Elle ne possède rien et elle n’a rien en réserve. Dans ce contexte, la ­demande d’Élie paraît improbable et déplacée. Ne s’est-il pas rendu compte de la misère de cette femme ? Est-il lui-même dans une situation encore plus difficile ? La femme sait parfaitement que, même légitime, la demande d’Élie les conduira à la mort. Élie lui répond. Il entend sa peur mais ne revient pas en arrière. De façon incompréhensible, il sait que la seule façon d’échapper à cette mort qui semble inévitable est d’aller jusqu’au bout du peu qu’ils ont en commun. En mélangeant, en pleine conscience et en pleine confiance, ces aliments les plus simples pour en faire une galette, la vie va pouvoir revenir.

Le temps de la méditation
La rencontre d’Élie et de la veuve illustre le fonctionnement mystérieux du royaume de Dieu. Cet ­espace-temps déjoue toutes les logiques matérielles que nous connaissons au quotidien. Cette réalité contre-intuitive est presque impossible à justifier. Le Royaume est accessible par une porte étroite par laquelle personne ne souhaite vraiment passer. Cette porte est celle que l’on franchit quand on ose risquer le peu que l’on a – en bien, en compétence, en capacité ou en réputation – en vue de quelque chose de plus grand que soi. Le geste est simple. Il n’est pas spectaculaire. Il consiste à faire le pain comme s’il y avait des réserves ou à donner au Trésor sans avoir d’économie. Il faut le regard d’Élie ou de Jésus pour repérer ce qui se joue dans un geste aussi banal. Mais pour celui qui le pose, cet acte a un poids et une portée qui ne se mesurent pas. Le royaume de Dieu est accessible à ceux qui se risquent à la confiance.

Marie-Laure Durand, bibliste, Prions en Église