Dimanche 26 janvier -Jésus ouvrit le livre - Clés de lecture
DIMANCHE 26 JANVIER - 10h00 - MESSE À LA BASILIQUE
présidée par Mgr. Bouilleret
Confirmation des jeunes du Doyenné de la Plaine de Gray
CLÉS DE LECTURE - PRIONS EN ÉGLISE
1ère LECTURE
Lecture du livre de Néhémie (8, 2-4a.5-6.8-10)
« Tout le peuple écoutait la lecture de la Loi »
En ces jours-là, le prêtre Esdras apporta le livre de la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois. Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen! Amen! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre. Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les Lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart! » – Parole du Seigneur.
Néhémie nous donne un aperçu très éclairant sur le déroulement, après l’Exil, d’une liturgie de la Parole, vraisemblablement à la synagogue. L’assemblée, qui est une affaire de famille, est d’une rare importance, puisque le prêtre Esdras y fait la lecture de la Parole « depuis le lever du jour jusqu’à midi » ! Du haut de son estrade, Esdras ouvre le livre et « bénit le Seigneur », et la foule debout, les mains levées, répond avec enthousiasme : « Amen ! Amen ! » Or le livre (le rouleau) est écrit en hébreu, alors que désormais le peuple parle araméen. Esdras lui-même et les Lévites se mettent donc à traduire de l’hébreu à l’araméen et à donner des « explications ». Le peuple étant ému jusqu’aux larmes, Esdras les convie à la fête et aux réjouissances, « car ce jour est consacré à notre Dieu ».
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PSAUME
Psaume 18b
Refrain : Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie
La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur;
le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure, elle est là pour toujours; les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables. Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur;
qu’ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
Le psaume 18a célébrait la gloire de Dieu visible dans les sphères célestes, sans qu’une parole ne soit prononcée et sans qu’une voix se fasse entendre. La seule contemplation de l’œuvre de la Création ne peut qu’inspirer émerveillement et reconnaissance. Le psaume 18b est, quant à lui, un hommage rendu à la Torah (la Loi du -Seigneur) qui affine le regard sur toute chose, et aux « préceptes du Seigneur » qui « sont droits » et « réjouissent le cœur ». Dieu « illumine » le regard du croyant (v. 12) et le préserve de tout orgueil pour qu’il soit sans reproche, pur d’un grand péché (v. 14).
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2ème LECTURE
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (12, 12-30)
(Lecture brève : 1 Co 12, 12-14.27)
« Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps » Frères, prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juif ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. Le corps humain se compose non pas d’un seul, mais de plusieurs membres. Interruption de la lecture brève
Le pied aurait beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait cependant partie du corps. L’oreille aurait beau dire : « Je ne suis pas l’œil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait cependant partie du corps. Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? En fait, il y a plusieurs membres, et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. » Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci le uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie.
Reprise de la lecture brève
Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps.
Fin de la lecture brève
Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison, d’assistance, de gouvernement, le don de parler diverses langues mystérieuses. Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ; tout le monde n’a pas à faire des miracles, à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter. – Parole du Seigneur.
Le langage de Paul peut être parfois recherché ou complexe. Mais aussi très pédagogue, comme ici où l’Église et ses membres sont comparés au corps humain. Celui-ci comporte plusieurs membres, chacun ayant une utilité particulière, et « tous ne forment qu’un seul corps ». Ainsi doit-il en être, dit l’apôtre, pour le « corps du Christ », dans lequel « Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres » sont réunis « dans un unique Esprit ». Tous les membres de ce corps se doivent d’avoir « le souci les uns des autres ». Certes, il y a une hiérarchie dans les rôles et les dons mais nul ne doit se croire supérieur, ou, au contraire, inutile : « chacun pour [sa] part » est membre du corps du Christ.
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ÉVANGILE
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (1, 1-4; 4, 14-21)
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture »
Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
Luc s’appuie sur des « témoins oculaires » et des « serviteurs de la Parole » pour écrire son évangile, puisqu’il n’avait pas été un apôtre de Jésus. Son compte rendu de la première présence de Jésus s’inscrit parfaitement dans le prolongement de la première lecture. Jésus fait figure de nouvel Esdras dès sa première visite à la synagogue de Nazareth, alors qu’on lui présente le livre d’Isaïe, pour qu’il en fasse une lecture pour l’assemblée. Jésus pourrait avoir délibérément déroulé le rouleau pour arriver au très beau passage d’Isaïe (Is 61, 1-2), qui s’avère l’inspiration même de son propre ministère : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture… » Jamais une homélie aussi brève n’aura autant eu de retentissement et de pertinence.
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COMMENTAIRE DU DIMANCHE
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire, Prions en Église
DES TÉMOINS ET DES PAROLES
Le début de l’évangile selon saint Luc montre les deux éléments nécessaires à tout accès à la parole de Dieu. Luc cherche à mettre un récit par écrit, et il prend soin de s’informer auprès de témoins. Il y a, à la fois, un support matériel et la rencontre avec des personnes. La parole de Dieu est en même temps un texte écrit et une proclamation publique. Après avoir proclamé un passage du prophète Isaïe, c’est un rouleau que Jésus rend au servant. Mais c’est sa parole vivante qui retentit pour en annoncer l’accomplissement. À notre tour, nous recevons un texte qui devient Parole dans l’action liturgique. Nous bénéficions de notre cher Prions en Église pour nous préparer. Mais c’est quand il est proclamé publiquement que le texte biblique se donne comme Parole vivante. Les caractères imprimés deviennent alors des sons que nous entendons grâce au ministère des lectrices et des lecteurs qui donnent leur voix et leur interprétation à ces mots qui, sans leur engagement, resteraient muets dans des livres fermés. De plus, des générations de commentateurs, femmes et hommes, se sont succédé pour chercher à comprendre ces textes comme une Parole qui vient interroger et nourrir. Il a fallu le ministère de scribes, de traducteurs, d’exégètes, bref, une foule de témoins pour que l’Évangile résonne dans le monde entier. En ce dimanche de la parole de Dieu, nous l’écoutons et nous communions à une foule immense de témoins, dont nous faisons partie.