Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 : l'enlèvement des moines de Tibhirine — Paroisse de Gray

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Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 : l'enlèvement des moines de Tibhirine

Les moines de Tibhirine, un souvenir vivant 28 ans après leur enlèvement

Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, dans le contexte de la guerre civile algérienne, sept moines du monastère de Tibhirine étaient enlevés par un commando, seuls deux religieux échappant à cette rafle. L'annonce de leur assassinat, deux mois plus tard, suscita un immense choc en Algérie. Mais aujourd'hui, leur héritage spirituel se vit dans la présence reconnue et appréciée de l'Eglise d'Algérie, dont le rayonnement a été particulièrement mis en lumière par la béatification des martyrs, le 8 décembre 2018 à Oran.
Le 26 mars 2021 a marqué le 25ème anniversaire de l'enlèvement des sept moines de Tibhirine, en Algérie, dont l'assassinat fut annoncé deux mois plus tard, le 21 mai 1996.
Leur béatification en 2018, avec 12 autres religieux chrétiens martyrs de la guerre civile algérienne, a remis en lumière la force de leur engagement auprès de la population locale. Né en Algérie quelques jours après l'indépendance en 1962, le journaliste François Vayne, actuel responsable de la communication de l'Ordre du Saint-Sépulcre, s'est fréquemment rendu à Tibhirine durant son enfance et son adolescence. Il témoigne de son souvenir personnel de ces moines et de la fécondité actuelle du don de leur vie pour l'Eglise d'Algérie.
Source : Vatican News

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Vidéo
Le récit du martyre des sept moines 
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Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, alors qu’ils se trouvaient dans leur monastère Notre-Dame de l’Atlas de Tibhirine (Algérie), sept moines cisterciens furent enlevés, puis tués. Conscients du danger, ils avaient décidé de rester pour témoigner du Christ et soutenir les populations locales.

Leurs vies sont des exemples de don et de détachement de soi. Les moines de Tibhirine, béatifiés le 8 décembre 2018, ont eu par leurs vies données un rayonnement qui dépasse largement les frontières de l’Algérie. C’est là que leur communauté était installée depuis en 1938, à 80 kilomètres au nord d’Alger, sur les hauteurs de Médéa. Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les frères Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno et Paul ont ensuite été assassinés, dans des circonstances encore obscures. Deux d’entre eux avaient échappés au rapt : les frères Jean-Pierre et Amédée, qui dormaient dans une autre partie du monastère cette nuit-là.

Testament du père Christian de Chergé

Source : Aleteia

Il y a 25 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, les moines de Tibhirine (Algérie) étaient enlevés. En apprenant quelques semaines plus tard, en mai 1996, leur assassinat, le monde a aussi découvert l’incroyable témoignage d’espérance et d’humanité de ces frères entièrement consacrés à Dieu et à leur prochain.

   

                   Bruno                                                       Célestin                                                 Christian

   

              Christophe                                                     Luc                                                      Michel

                Paul

Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno, Paul. Les prénoms des moines de Tibhirine se suivent et se récitent comme une douce et douloureuse litanie. Douloureuse quand on pense à leur enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, puis à leur assassinat. Mais si douce quand on découvre ce que furent leurs vies données, entièrement, et le lumineux témoignage de foi et de charité qu’ils ont laissé.

Les sept moines de l’ordre cistercien ont été enlevés dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, sur les hauteurs de Médéa, en Algérie. La première revendication de leur enlèvement, signée du chef du GIA Djamel Zitouni, n’est communiquée qu’un mois plus tard, le 26 avril. Un communiqué, le 23 mai suivant, affirme qu’ils ont été exécutés deux jours plus tôt. Mais seules les têtes sont retrouvées sur une route, le 30 mai 1996. Dans les mois et les années qui suivent, plusieurs éléments jettent un trouble sur les circonstances de la mort des moines. Le plus récent est un rapport datant de février 2018 dans lequel des experts soulignent que des traces d’égorgement n’apparaissaient que pour deux des moines et que tous présentent les signes d’une « décapitation post-mortem », de quoi alimenter les soupçons d’une possible mise en scène.

Le dernier rebondissement est une lettre en date du 21 juin 2019 envoyée par l’avocat des familles des sept moines assassinés, Mr Patrick Baudouin, demandant aux magistrats de délivrer une nouvelle commission rogatoire internationale afin que l’ancien président algérien (1999-2019), Abdelaziz Bouteflika, et le général Mohamed Mediene (qui dirigeait à l’époque des faits le département du renseignement et de la sécurité, ndlr) puissent être entendus « le plus rapidement possible ». Une demande restée pour le moment sans réponse. Mais si des zones d’ombres entourent la mort des moines de Tibhirine, leurs vies, elles, sont d’une limpidité et d’une espérance bouleversantes, comme en témoigne leur béatification le 8 décembre 2018 par le pape François, en même temps que les autres martyrs d’Algérie.

Notre-Dame de l’Atlas, le monastère où ont vécu les moines de Tibhirine, a été fondé en 1938. « C’était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas ». C’est avec ces morts que l’écrivain Jean-Marie Rouart à décrit le monastère Notre-Dame de l’Atlas dans un discours sur la vertu prononcé en 2001 à l’Académie française. « Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages. Ce n’étaient pas des hommes comme les autres : ils n’avaient besoin ni de confort ni de télévision. Ce qui nous est nécessaire leur était inutile, et même encombrant. » L’ensemble des moines y vivent de la prière et de leur travail agricole.

Avec l’indépendance du pays en 1962, la question de l’avenir du monastère s’était posé à plusieurs reprises. Et finalement, ils étaient restés. La présence des moines se faisait plus discrète. Frère Luc, médecin, dispense alors des soins auprès du voisinage tandis que frère Amédée, par exemple, donne des cours aux enfants. La communauté s’engage auprès des autorités à un devoir de réserve strict et à ne pas dépasser le nombre de douze moines. « Nous en sommes arrivés à nous définir comme “priants au milieu d’autres priants”. Venant de notre cloche ou du muezzin, les appels à la prière établissent entre nous une “saine émulation réciproque” », peut-on lire dans un texte écrit par la communauté pour le Synode romain sur la vie consacrée de 1994. « On aurait plutôt le sentiment d’être “mieux compris” que ne le sont certains monastères dans leur environnement de vieille chrétienté ».

Ces hommes, ces moines, dont Xavier Beauvois a magnifiquement rendu hommage dans le film Des hommes et des dieux, n’ont pas quitté l’Algérie malgré les menaces et les mises en garde. Ils ont pardonné à l’avance leurs agresseurs. Ils ont librement choisi de ne pas abandonner et d’être fidèles à l’appel de Dieu. « Prêcher l’Évangile en silence » comme le bienheureux Charles de Foucauld. Les moines de Tibhirine ont laissé un héritage spirituel fort : apôtres de la paix et du dialogue, ils ont véritablement donné leur vie, faisant le choix de rester fidèles à leur Église mais aussi à leurs frères algériens, au milieu desquels ils avaient souhaité vivre.

Luc, Christian, Christophe, Michel, Célestin, Bruno et Paul partageaient une vie communautaire ordinaire et en ont fait une chose extraordinaire. Ils formaient une vraie communauté monastique tout en ayant chacun un itinéraire spirituel individuel. Paul était un vrai artisan. C’était un homme simple et sans artifice, avec une spiritualité très incarnée. Chez Luc, sa discrétion et son humilité naturelles ont transformé son service pour les malades en la plus belle des prières. Michel était un véritable gardien de la prière de la fraternité. Quant à Bruno, il a puisé dans l’adoration eucharistique la force de surmonter ses fragilités, de se dépasser jusqu’à faire le don de sa vie. Célestin était habité par les plus pauvres et les plus marginaux — c’est « avec eux » qu’il est entré dans la vie monastique. Et Christian (le supérieur de la communauté, ndlr), quant à lui, c’est dans la poésie qu’il a su trouver les mots pour traduire l’expérience et le souffle du Christ. Mais leur message, tout en étant celui de chaque frère, dans le parcours et la spiritualité de chacun, est d’abord celui de la fraternité qu’ils ont porté ensemble grâce aux dons du Christ. 

Tous différents mais tous convaincus de leur mission et de leur place, en Algérie. Mettant leurs pas dans ceux de Charles de Foucauld, ils ont choisi de s’abandonner entièrement au Seigneur. En témoigne d’ailleurs les nombreux écrits de chacun. Le plus connu est bien entendu le testament spirituel de Christian de Chergé et cette phrase, particulièrement forte : « S’il m’arrivait un jour — et ça pourrait être aujourd’hui — d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays ». « Dans son testament, frère Christian savait qu’on lui reconnaîtrait un échec ou de la naïveté. Il avait subi de nombreuses pressions pour quitter Tibhirine qui devenait un lieu de plus en plus menacé », confiait il y a trois ans à Aleteia son neveu, Bruno de Chergé. « Lui cherchait à établir des ponts. Ils voulaient que les gens se parlent, qu’il y ait un retour à la transcendance qui est vecteur de paix. Une religion doit être facteur de paix, elle relie. C’est ce qui habitait frère Christian ».

Ici comme dans le monde entier, Dieu a jeté la semence de son Royaume.

Chacun des moines, avec leurs mots, ont témoigné de cette fraternité. « Que restera-t-il dans quelques mois de l’Église d’Algérie, de sa visibilité, de ses structures, des personnes qui la composent ? Peu, très peu vraisemblablement », s’interrogeait frère Paul un an avant son enlèvement. « L’Esprit est à l’œuvre, il travaille en profondeur dans le cœur des hommes. Soyons disponibles pour qu’il puisse agir en nous par la prière et la présence aimante à tous nos frères ». Une force que l’on retrouve aussi dans les mots de frère Bruno : « Je remercie le Seigneur d’être ici et en cet état de vie. C’est simple, caché comme la graine enfouie dans le sol qui germera en son temps. Vie de foi et de grande espérance. Ici comme dans le monde entier, Dieu a jeté la semence de son Royaume, mais tout enfantement a ses douleurs ». Une semence qui, depuis 25 ans, ne cesse de porter du fruit.
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Si nous  nous taisons… les pierres crieront »   

C’était il y a 25 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 :     les 7 moines de Tibhirine étaient enlevés en Algérie, puis tués.
Le film « Des hommes et des dieux », sorti en 2010, relate l’engagement de ces hommes qui avaient choisi le monastère de Tibhirine dans les montagnes de l’Atlas, non pour se couper du monde, mais pour le servir. Les frères se savaient menacés et avaient fait le choix de rester.
Un témoignage de vie et de foi jusqu’à la mort. Sept vies pour Dieu et l’Algérie.

La mort tragique des moines de Tibhirine a bouleversé tout homme, croyant ou non, de part et d’autre de la Méditerranée. Les sentiments de révolte et d’admiration se sont mêlés sous le choc de l’évènement. Il importe de conserver précieusement et de faire fructifier leur message : une parole de paix, un geste de réconciliation, une prière d’espérance.

Qui sont ces moines ? Pas des surhommes ! Mais une poignée d’humains bien représentatifs de la diversité de l’espèce humaine : des intellectuels et des manuels, des communicatifs et des silencieux, des impulsifs et des calmes. Unis seulement par la quête de Dieu dans une relation fraternelle avec le peuple algérien.