28 janvier - Pèlerinage à la Chapelle des Buis.
C'est dans le cadre de cet anniversaire qu'à eu lieu un pèlerinage à la Chapelle des Buis.
14h30 : rendez-vous place de l'église, à côté de l'église Saint Pierre de FONTAIN ( Doubs), départ pour environ une heure de marche, accompagné par le frère Nicolas.
Le long du chemin : échanges, chants, prière, retrait dans le silence.
16h00 : arrivée à la crypte (au-dessus du couvent des Buis), un magnifique paysage s'offre à la vue des pèlerins ; puis contemplation de la crèche.
Ensuite deux frères se tenaient à disposition des pèlerins pour les confessions pour ceux qui le désiraient ; les plus jeunes pouvaient échanger avec un religieux et d'autres pouvaient découvrir le site ou demeurer dans une prière silencieuse d'oraison dans la crypte
18h30: célébration de la messe
19h00 : repas avec les frères à partir de ce que chacun a apporté.
20h00 : départ des Buis, dans un sentiment d'action de grâce !
Le pèlerinage en photos : Cliquer ici
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Messe célébrée par le Frère Nicolas et l'abbé Pierre Bergier
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IL Y A 800 ANS À GRECCIO, LE MYSTÈRE DE LA NATIVITÉ S'EST FAIT PIÉTÉ POPULAIRE
La première crèche vivante de l'histoire du christianisme célèbre cette année son huitième centenaire. Réalisée par saint François d’Assise le 25 décembre 1223 à Greccio, petit village du centre de l’Italie dont les paysages rocheux rappellent Bethléem, son histoire tient une grande place dans les souvenirs franciscains. Cette tradition commémorant avec simplicité et joie le mystère de l'Incarnation a irrigué tout le christianisme occidental dès le XIIIe siècle.
Entretien réalisé par Delphine Allaire - Cité du Vatican
Par cette première reconstitution vivante de la scène de la Nativité, une grande œuvre d’évangélisation s’est accomplie. Le Pape lui-même nourrit un lien particulier avec ce signe merveilleux de la crèche, en témoignent la lettre apostolique Admirabile signum en 2019 et ses méditations sur cette tradition parues dans un ouvrage en décembre à la Librairie éditrice vaticane et aux éditions de l'Emmanuel. Le Souverain pontife, qui s'est rendu deux fois à Greccio -en janvier 2016 et en décembre 2019- accorde aussi une indulgence plénière à l’occasion de ce 800e anniversaire à tout fidèle visitant une église franciscaine pour y prier devant la crèche avant le 2 février 2024, fête de la Présentation du Seigneur.
Frère Luc Mathieu OFM, théologien franciscain, ancien provincial des frères mineurs à Paris, nous raconte les origines franciscaines de la crèche de Greccio.
Entretien avec frère Luc Mathieu OFM
- Dans quelles circonstances saint François a-t-il recrée une représentation de la Nativité ce jour de Noël 1223 ?
En 1223, nous sommes à trois ans de son décès. Il avait déjà fondé quinze ans plutôt l'Ordre des Frères mineurs. C'est l'un des épisodes les mieux connus de sa vie. Sa vie est bien connue parce que nous la connaissons par deux sources: le franciscain Thomas de Celado qui connut François et écrivit sa biographie à la demande du Pape Grégoire IX qui venait de le canoniser en 1228, et un autre récit plus tardif, vers 1260, par saint Bonaventure, ministre général de l'Ordre franciscain, qui produit une vie officielle reprenant en grande partie l'œuvre de Thomas de Celado.
François d'Assise est un fervent adepte de l'Évangile lu à la lettre. Il est désireux d'imiter en tout point la vie de Jésus-Christ. Il est un contemplatif de la vie humaine de Jésus. Depuis saint Bernard déjà, un siècle auparavant, les chrétiens, dans leur piété, s'intéressaient beaucoup aux faits et gestes de Jésus, à sa vie humaine.
Pour célébrer la fête de Noël en 1223, François demanda à un noble du village de Greccio de lui prêter une étable afin d’y mettre des animaux pour représenter la scène de la Nativité du Seigneur. Il voulait faire cela durant la célébration de la messe célébrée par ses frères. C'est une crèche vivante avec les animaux traditionnels, le bœuf et l'âne, et la présence des frères de Greccio et de tous les villageois. Lui-même revêtit la dalmatique et donna l'homélie. Il prêcha comme s'il avait vraiment sous les yeux la présence du divin enfant. Il se laissa emporter par l'émotion d'une part, et puis aussi par l'éloquence.
Et il décrivait l'enfant Jésus dans sa crèche avec beaucoup de larmes. Le récit de Thomas de Celado est édifiant et pittoresque. Il insiste sur la motivation de François. Pourquoi a-t-il fait cela? Le chapitre qui rapporte l'événement nous narre ceci: «Son idéal bien arrêté, son désir le plus ardent, sa volonté la plus ferme était d'observer le saint Évangile, d'en observer tous les points en toutes circonstances, et de se conformer lui-même parfaitement, avec zèle, application, élan et ferveur à la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ afin d'imiter ses exemples. François évoquait ses paroles dans une méditation assidue. Il entretenait par une profonde contemplation le souvenir de ses actes, et deux sujets surtout l'employait tellement qu'il pouvait à peine penser à autre chose. C'était l'humilité manifestée par l'Incarnation, un pauvre enfant auprès des animaux dans une crèche, et l'amour manifesté par la passion de Jésus. Ces deux événements, la crèche et la croix, encadrent en quelque sorte toute la piété de François qu'il va transmettre à ses frères.»
- Comment cette tradition franciscaine s’est-elle ensuite répandue dans toute la chrétienté?
Après la mort et la canonisation de François, qui arriva très vite puisqu’il fut canonisé presque deux ans après sa mort, les Frères mineurs s'approprièrent la dévotion à Jésus-Christ comme Verbe incarné. Dans leurs prédications, dans leurs œuvres apostoliques, ils s'empressèrent de communiquer la contemplation de Jésus, homme parmi les hommes, pauvre parmi les pauvres, simple parmi les simples et la célébration de Greccio illustrait d'une certaine façon ce désir de François de commémorer l'événement. Quelquefois les frères le firent en proposant des figurines et des représentations imagées de la scène de Noël. Voilà l'origine de la représentation de la crèche. Non pas que François inventa les crèches, des représentations de la Nativité existaient auparavant dans les vieux manuscrits sous forme de de miniatures ou quelquefois partiellement dans les églises. On commençait déjà aussi à célébrer des paraliturgies sur les parvis des cathédrales. Mais cette façon très simple, populaire, villageoise, de représenter la crèche, saint François en est bien à l'origine.
Puis, progressivement, à partir des XIVe et XVe siècles, on va commencer à représenter la crèche avec des figurines. C'est surtout une tradition qui s'est répandue en Italie, à Naples, et qui a gagné tous les pays méditerranéens, le sud de la France en particulier. Les frères franciscains étaient à l’époque les principaux prédicateurs populaires et, à l'imitation de François d'Assise, ils développèrent ces représentations vivantes ou imagées, avec des statues, de la crèche de Noël et de la Passion de Jésus pour illustrer leur prédication du mystère de l'Incarnation et de la Pâque. Ils invitaient le peuple à une contemplation concrète. Il fallait voir et toucher.
Ces représentations particulières ne sont plus uniquement des paraliturgies, mais plutôt de la piété populaire que les gens pouvaient faire eux-mêmes, presque sans l’intervention du clergé. Elles furent prolongées dans les familles par des représentations, on pourrait presque dire, laïques.
François a relancé cette dévotion qui correspondait finalement au désir du peuple de voir concrètement quelque chose du mystère de l'incarnation du Sauveur et de s'en émouvoir, de s’en édifier et de voir et surtout de proposer ce spectacle aux enfants. C'est une forme de catéchèse familiale.
- Comment l'adoration et la contemplation de la crèche furent-elles mises en avant ?
Chez les Franciscains, adoration et contemplation vont être proposées à tout le peuple. Jusqu'au XIIIᵉ siècle, la prière intérieure et la contemplation étaient monastiques. Dans leur abbaye, les moines, à partir des offices liturgiques, prolongeait par une méditation, une oraison, les textes lus pendant l'office. Progressivement, le peuple va s'y intéresser. D'une part, les monastères vont voir autour d'eux un certain nombre de laïcs qui s'intéressent à leur dévotion, et par la suite, sortant des monastères de nouveaux religieux vont vivre au milieu du peuple et donc adapter leur piété pour l'éducation des fidèles, comme les dominicains qui inventent le chapelet. C’est pour évoquer, susciter la piété populaire que l'on va méditer sur une représentation concrète de la crèche.
De quelle façon la tradition de la crèche est-elle liée à la Terre Sainte?
Les pèlerinages en Terre Sainte n'ont jamais cessé depuis les croisades. Des gens plus ou moins fortunés d'Occident sont allés en pèlerinage à Jérusalem et visitaient l'ensemble des Lieux Saints où se trouvaient d'ailleurs les franciscains comme gardiens. Les franciscains accueillaient des pèlerinages venant d'Occident, surtout des chrétiens latins et les promenaient sur les divers lieux, évoquant la vie de Jésus. Rentrant en Europe, ces pèlerins étaient tentés de représenter par souvenir de ce qu'ils avaient vécu, des représentations concrètes. C'est ainsi qu'on a fondé, par exemple, en France, des répliques de la basilique du Saint-Sépulcre. La crèche est donc le souvenir pour les pèlerins de ce qu'ils ont vécu en allant à Bethléem. C'est ainsi que la tradition populaire s'est répandue rapidement sous l'influence des anciens pèlerins et sous la prédication franciscaine.
- Huit siècles après la nuit de Noël de Greccio, comment la crèche nous évangélise-t-elle encore ?
Pour l'évangélisation de nos contemporains, il est très important de maintenir ce souvenir des Lieux Saints et de ce qu'ils représentent dans la piété pour accéder à la connaissance de la vie concrète de Jésus et pour trouver en quelque sorte la saveur des Évangiles, la saveur des récits.
L’intérêt pour les crèches de Noël perdure dans nos sociétés d'aujourd'hui, même sécularisées comme en France. Les chrétiens y sont très attachés, même si beaucoup n'y voient qu'une manifestation purement traditionnelle et folklorique. Les familles chrétiennes, même les moins pratiquantes, ont encore le souci de favoriser, on pourrait dire, l'émerveillement de leurs enfants et eux-mêmes de s'émerveiller et de faire partager la joie de Noël qui reste une fête de l'enfance et une fête de la famille.
Il est opportun de partir de cet intérêt de nos contemporains pour annoncer le Christ, pour annoncer sa présence à l'humanité, pour inviter les fidèles à partager la condition même souffrante de Jésus dans sa condition humiliée et précaire. Il faut apporter à tous les chrétiens un peu plus de vie, de consolation, d'espoir du salut pour nos contemporains. Un grand moment de désir de paix et de réconciliation Et la prédication populaire de la venue de Jésus dans notre condition mortelle permet d'entrer plus facilement dans une catéchèse évangélique simple, contemplative et priante. On reste ébahi et silencieux devant la crèche. Et il demeure urgent que les enfants aient ce premier accès à la foi chrétienne, en passant par l'éveil de leur sens éveil à la beauté et à la compassion pour ce pauvre enfant Jésus.