L'EVENEMENT DU 1er SEPTEMBRE AU 4 OCTOBRE 2024 : CATHOLIQUES, PROTESTANTS, ORTHODOXES REUNIS POUR LE TEMPS DE LA CREATiON — Paroisse de Gray

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L'EVENEMENT DU 1er SEPTEMBRE AU 4 OCTOBRE 2024 : CATHOLIQUES, PROTESTANTS, ORTHODOXES REUNIS POUR LE TEMPS DE LA CREATiON

Le Temps de la Création est la période de l'année où les 2,2 milliards de chrétiens que compte la planète sont invités à prier et réfléchir sur la sauvegarde de la création. Elle se déroule chaque année du 1er septembre au 4 octobre.
Le Temps de la Création réunit la famille chrétienne mondiale autour d'un objectif commun.
Le 1er septembre fut proclamé Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création au sein de l'Église orthodoxe, et ce, en 1989 par le patriarche oecuménique Dimitrios Ier. Elle fut ensuite adoptée par les autres grandes Églises chrétiennes européennes en 2001, puis par le pape François pour l'Église catholique romaine en 2015. (voir rubrique ci-contre)
Ces dernières années, de nombreuses Églises chrétiennes ont commencé à commémorer le Temps de la Création (également appelée «Temps pour la Création») entre le 1er septembre et le 4 octobre, jour de la saint François d'Assise (célébrée par certaines traditions occidentales). Saint François d'Assise est l'auteur du Cantique des créatures et le saint patron de l'écologie

1 journée, 5 semaines pour la Création
En 2015, le pape François a retenu la date du 1er septembre pour instituer dans l’Église catholique,
une « Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création ».
L’initiative rejoignait celle des Églises orthodoxes qui à l’occasion du 3ème rassemblement œcuménique de Sibiu en Roumanie de 2007, ont proposé un « temps de la création », du 1er septembre au 4 octobre.

Le thème de 2024 est « Espérer et agir avec la Création » et le symbole est « Les prémices de l’espérance », inspiré par Romains 8:19-25.
 

 

Dans la lettre de l’apôtre Paul aux Romains, l’image biblique décrit la Terre comme une mère gémissant dans l’enfantement (Rom 8,22). François d’Assise l’a compris quand il a fait référence à la Terre comme à notre sœur et à notre mère dans son Cantique des Créatures. Les temps dans lesquels nous vivons montrent que nous ne comprenons pas la Terre comme un don de notre Créateur, mais plutôt comme une ressource à utiliser.

Pourtant, il y a de l’espoir et l’espérance d’un avenir meilleur. Espérer dans le contexte biblique ne signifie pas rester immobile et silencieux, mais plutôt gémir, pleurer et travailler activement pour une vie nouvelle au milieu des luttes. Tout comme dans l’enfantement, nous vivons une période de douleur intense, mais une vie nouvelle arrive.

Le symbole de 2024 est « Les prémices de l’espérance »

L’espérance est un instrument nous permettant de dépasser la loi naturelle du déclin, de la décomposition. L’espérance nous est donnée par Dieu comme protection contre la futilité. C’est seulement grâce à l’espérance que nous pouvons réaliser en plénitude le don de la liberté. La liberté agit non seulement pour atteindre la jouissance et la prospérité, mais aussi pour atteindre le niveau où nous sommes libres et responsables. La liberté et la responsabilité nous permettent de faire du monde un endroit meilleur. C’est seulement lorsque nous travaillons ensemble avec la Création que les prémices de l’espérance peuvent naître.

 

Bienvenue !
Bienvenue au Temps pour la Création de cette année ! 
Chaque année, du 1er septembre au 4 octobre, la famille chrétienne s’unit pour cette célébration mondiale de prière et d’action afin de protéger notre maison commune.
C’est un temps spécial où nous célébrons Dieu comme Créateur et reconnaissons la Création comme l’acte divin permanent qui nous convoque comme collaborateurs de l’amour et de la sauvegarde du don de tout ce qui est créé.
En tant que disciples du Christ du monde entier, nous partageons un appel commun à prendre soin de la Création. Nous sommes des cocréatures et nous faisons partie de tout ce que Dieu a fait. Notre bien-être est intimement lié à celui de la Terre.
Nous nous réjouissons de cette occasion de protéger notre maison commune et tous les êtres qui la partagent. Cette année, le thème de ce temps est : « Espérer et agir avec la Création
Au cœur de la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de la biodiversité et de la pollution, beaucoup commencent à désespérer et à souffrir d’écoanxiété. En tant que croyants, nous sommes appelés à faire s’élever l’espérance inspirée de notre foi, l’espérance de la résurrection. Cela n’est pas un espoir sans action, mais une espérance incarnée dans des actions concrètes de prière et d’appel à la conversion, de service et de solidarité.
Pendant le temps de cette année, nous unissons également nos voix de chrétiens dans une initiative de plaidoyer conjointe pour soutenir le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles qui appelle à un arrêt des nouveaux projets de combustibles fossiles. Nous avons hâte de prier, célébrer et militer ensemble dans l’espérance et l’action avec la Création pendant le Temps de cette année !
Dans le Christ,
Les membres du comité œcuménique de pilotage du Temps pour la Création

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THÈME ET SYMBOLE DU TEMPS POUR LA CRÉATION 2024

Remarque spéciale sur le thème de cette année : Nous avons décidé de mettre une majuscule au mot Création pour plusieurs raisons.
Notre thème, cette année, met l’accent sur le fait que la Création n’est pas un objet qui a été créé pour l’utilisation humaine, mais elle est plutôt un sujet auquel nous sommes appelés à nous lier et avec lequel nous devons collaborer comme cocréatures. En mettant la majuscule à Création, nous faisons référence à la fois à l’ordre créé et au mystère de l’acte créateur continu de Dieu. Nous reconnaissons tout l’ordre créé, ou tout le cosmos, y compris toutes les parties vivantes et non vivantes de la Création de Dieu, en montrant notre respect théologique, notre vénération, notre responsabilité et notre interdépendance avec le monde naturel.

La Création gémit dans les douleurs de l’enfantement (Romains 8:22)
L’image biblique décrit la Terre comme une mère gémissant dans l’enfantement. Les temps que nous vivons montrent que nous ne comprenons pas la Terre comme un don de notre créateur, mais plutôt comme une ressource à utiliser.
Saint François d’Assise l’a compris quand il a fait référence à la Terre comme à notre sœur et à notre mère dans son Cantique des Créatures. Comment la Terre Mère peut-elle veiller sur nous si nous ne veillons pas sur elle? La Création gémit à cause de notre égoïsme et de nos actions non viables qui la blessent.
Avec notre sœur, la Terre Mère, les créatures de toutes sortes, y compris les humains, crient à cause des conséquences de nos actions destructrices qui causent la crise climatique, la perte de biodiversité, la souffrance humaine ainsi que la souffrance de la Création.

Pourtant il y a de l’espoir et l’espérance d’un avenir meilleur. Espérer dans le contexte biblique ne signifie pas rester immobile et silencieux, mais plutôt gémir, pleurer et travailler activement pour une nouvelle vie au milieu des luttes. Tout comme dans l’enfantement, nous vivons une période de douleur intense, mais une nouvelle vie arrive.
Chaque année, le comité de pilotage œcuménique du Temps pour la Création propose un thème pour le Temps pour la Création.

 

Le thème de 2024 est « ESPÉRER ET AGIR AVEC LA CRÉATION »
et le symbole est « Les prémices de l’espérance », inspiré par Romains 8:19-25.

La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu (Romains 8:19)
La Création et nous tous sommes appelés à prier le Créateur, à travailler ensemble pour un avenir d’espérance active et d’action. C’est seulement lorsque nous travaillons ensemble avec la Création que les prémices de l’espérance peuvent naître. La théologie paulinienne nous rappelle que la Création et l’humanité sont toutes les deux conçues au commencement dans le Christ et, par conséquent, sont confiées l’une à l’autre.
La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu !
Les enfants de Dieu sont ceux qui tendent les mains vers le Créateur, qui se reconnaissent comme créatures humbles, pour prier et respecter Dieu, et, en même temps, pour aimer, respecter, prendre soin et apprendre du don de Dieu qu’est la Création. La Création n’est pas donnée à l’humanité pour qu’elle en use et en abuse, mais, plutôt, l’humanité est créée pour faire partie de la Création. Plus qu’une maison commune, la Création est également une famille cosmique qui nous appelle à agir avec responsabilité. C’est ainsi que les enfants de Dieu ont une vocation intrinsèque et un rôle important à jouer dans la révélation du royaume de justice (cf. Romains 8:19).

Les prémices de l’espérance (Romains 8:23-25)
L’espérance est un instrument nous permettant de dépasser la loi naturelle du déclin, de la décomposition. L’espérance nous est donnée par Dieu comme protection contre la futilité. C’est seulement grâce à l’espérance que nous pouvons réaliser en plénitude le don de la liberté. La liberté agit non seulement pour atteindre la jouissance et la prospérité, mais aussi pour atteindre le niveau où nous sommes libres et responsables. La liberté et la responsabilité nous permettent de faire du monde un endroit meilleur.
Nous agissons pour un avenir meilleur parce que nous savons que le Christ a vaincu la mort causée par nos péchés. Il y a beaucoup de souffrance sur Terre à cause de nos manquements. Nos péchés structurels et écologiques infligent de la douleur à la Terre et à toutes les créatures, nous y compris. Nous savons que nous avons causé beaucoup de dégâts à la Création et au monde dans lequel nous vivons à cause de notre négligence, à cause de notre ignorance, mais, aussi, dans de nombreux cas, à cause de notre désir incessant de satisfaire des rêves irréalistes et égoïstes (cf. Romains 8:22).
Une citation généralement attribuée à saint Augustin dit : «L’espérance a deux filles de toute beauté : la colère et le courage. La colère face aux choses telles qu’elles sont et le courage nécessaire pour les changer.» Alors que nous sommes les témoins des clameurs et des souffrances de la Terre et de toutes les créatures, laissons une sainte colère nous faire avancer vers le courage d’être pleins d’espérance et d’agir pour la justice. Nous croyons que l’Incarnation du Fils de Dieu nous sert de guide et nous permet de faire face à un monde perturbant. Dieu est avec nous dans nos efforts pour répondre aux défis du monde dans lequel nous vivons (cf. Romains 8:23).

Il y a différentes formes d’espérance. Cependant, l’espérance n’est pas simplement de l’optimisme. Ce n’est pas une illusion utopiste. Ce n’est pas l’attente d’un miracle magique.
L’espérance est la confiance que notre action a du sens, même si les résultats de cette action ne sont pas immédiatement visibles (cf. Romains 8:24). L’espérance n’agit pas seule. Précédemment, dans sa lettre aux Romains, l’apôtre Paul explique la relation étroite de l’espérance comme processus de maturation : «La persévérance produit la vertu éprouvée; la vertu éprouvée produit l’espérance» (Romains 5:4). La patience et la persévérance sont des alliées intimes de l’espérance. Ce sont les qualités qui mènent à l’espérance.
Nous savons à quel point l’action courageuse pour maîtriser le climat et la crise écologique est urgente et nous savons également que la conversion écologique est un processus lent, car les humains sont têtus quand il faut changer d’avis, de cœur et de façon de vivre. Parfois, nous ne savons pas à quoi devraient ressembler nos actions. Alors que nous voyageons dans la vie, chaque jour, nous avons de nouvelles idées et de nouvelles inspirations afin de trouver un meilleur équilibre entre l’urgence et les rythmes lents d’un changement durable. Nous ne comprenons peut-être pas complètement tout ce qui se passe, nous ne comprenons peut-être pas les voies de Dieu, mais nous sommes appelés à faire confiance et à suivre avec des actions concrètes et soutenues, selon l’exemple du Christ, le Rédempteur de tout le Cosmos (cf. Romains 8:25).
Dans certaines langues, la traduction du passage paulinien dit que l’espérance n’est pas une attente passive, mais plutôt une espérance active (cf. Romains 8:20-21). Il y a beaucoup à apprendre des autres cultures et pays sur la façon d’espérer et d’agir ensemble avec la Création. Le verbe portugais «esperançar», ainsi que l’espagnol «esperanzar», exprime bien que l’espérance doit être comprise comme un verbe actif pour éviter de tomber dans le piège de la positivité superficielle. En français, il y a aussi deux dif-
férentes façons de parler de cette notion : «espoir», qui évoque l’attitude de l’attente, et «espérance», qui exprime la confiance active dans la lumière de Dieu. La même nuance apparaît dans la langue arabe qui distingue «amal (لما «(et «raja’ (ءاجر« (, et montre qu’il y a beaucoup de choses à prendre en compte dans ce que l’on veut dire quand on parle « d’espérance ».

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Le Temps pour la Création est un temps pensé pour renouveler notre relation avec notre Créateur et avec toute la création en célébrant, en changeant et en nous engageant ensemble à agir. Pendant le Temps pour la Création, nous nous joignons à nos frères et soeurs de la famille œcuménique en priant et en agissant pour notre maison commune.
Le patriarche œcuménique Dimitri 1er a déclaré que le 1er septembre serait un jour de prière pour la sauvegarde de la création pour les orthodoxes en 1989. Cette date marque même le Nouvel An liturgique pour les orthodoxes et commémore la création du monde par Dieu.Le Conseil œcuménique des Églises a joué un rôle capital dans l’avènement du Temps pour la Création. Il a en effet permis d’étendre cette célébration du 1er septembre au 4 octobre.Inspirés par le Patriarche Dimitri 1er et par le COE, des chrétiens du monde entier célèbrent désormais le Temps pour la Création. Le Pape François a officiellement reconnu cette célébration au nom de L’Église Catholique en 2015.Ces dernières années, des déclarations émanant de plusieurs chefs spirituels partout dans le monde ont également encouragé les croyants à prendre soin de la création pendant cette célébration d’un mois.

Le Temps pour la Création commence le 1er septembre, jour de prière pour la sauvegarde de la création et se termine le 4 octobre, jour de la fête de Saint François d’Assise, saint patron de l’écologie qui est aimé par de nombreuses communautés chrétiennes.
 

PRIÈRE POUR LE TEMPS DE LA CRÉATION

Dieu trine, Créateur de tout,
Nous te louons pour ta bonté, visible dans toute la diversité de ce que tu as créé en faisant de nous une famille cosmique vivant dans une maison commune. Grâce à la Terre que tu as créée, nous recevons dans nos vies amour et subsistance, foyer et protection.
Nous confessons que nous ne comprenons pas la Terre comme un don maternel venant de toi, notre Créateur. Notre égoïsme, notre cupidité, notre négligence et notre maltraitance ont causé la crise climatique, la perte de la biodiversité, la souffrance humaine ainsi que la souffrance de toutes les créatures, nos sœurs.
Nous confessons que nous avons échoué à écouter les gémissements de la Terre, les gémissements de toutes les créatures et les gémissements de l’Esprit d’espérance et de justice qui vit en nous.
Que ton Esprit créateur nous aide dans notre faiblesse, pour que nous connaissions le pouvoir rédempteur du Christ et l’espérance trouvée en lui. Que les gémissements de l’Esprit fassent naître en nous une volonté de te servir fidèlement, pour que nous entendions et guérissions la Création afin d’espérer et d’agir avec elle, pour que les prémices de l’espérance puissent s’épanouir.
Dieu d’amour, Dieu Créateur, nous prions pour que tu nous rendes sensibles à ces gémissements et que tu nous encourages à avoir la même compassion que Jésus, le Seigneur Rédempteur.
Donne-nous une vision renouvelée de notre relation avec la Terre et les uns avec les autres, comme créatures qui sont faites à ton image.
Au nom de celui qui est venu proclamer la bonne nouvelle à toute la Création, Jésus Christ. Amen. 

Le 1er septembre a lieu
LA JOURNEE MONDIALE DE PRIERE POUR LA SAUVEGARDE DE LA CREATION.
Elle ouvre le Temps de la Création, qui se tient jusqu’au 4 octobre 
 

 

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
pour la célébration de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création 

Chers frères et sœurs !

“Espère et agis avec la création” : c’est le thème de la Journée de Prière pour la Sauvegarde de la Création, le 1er septembre. Il fait référence à la lettre de saint Paul aux Romains 8, 19-25 : l’Apôtre explique ce que signifie vivre selon l’Esprit et se concentre sur l’espérance certaine du salut par la foi, qui est la vie nouvelle dans le Christ.

1. Partons d’une question simple, mais qui pourrait ne pas avoir de réponse évidente : quand sommes-nous vraiment croyants, en quoi consiste avoir la foi ? Pas tellement dans le fait que “nous croyons” en une réalité transcendante que notre raison ne peut pas comprendre, le mystère inaccessible d’un Dieu lointain et distant, invisible et innommable ; mais plutôt, dirait saint Paul, dans le fait que l’Esprit Saint habite en nous. Oui, nous sommes croyants parce que l’Amour même de Dieu a été « répandu dans nos cœurs » ( Rm 5, 5). Par conséquent, l’Esprit est maintenant, véritablement, « une première avance sur notre héritage » ( Ep 1, 14), comme une pro-vocation à vivre toujours tendus vers les biens éternels, selon la plénitude de l’humanité, belle et bonne, de Jésus. L’Esprit rend les croyants créatifs, proactifs dans la charité. Il les introduit dans un grand cheminement de liberté spirituelle, non exempt cependant de lutte entre la logique du monde et la logique de l’Esprit, qui portent des fruits opposés (cf. Ga 5, 16-17). Nous le savons, le premier fruit de l’Esprit, condensé de tous les autres, est l’amour. Ainsi, conduits par l’Esprit Saint, les croyants sont fils de Dieu et peuvent, comme Jésus, s’adresser à Lui en l’appelant « Abba, Père » ( Rm 8, 15) dans la liberté de celui qui ne retombe plus dans la peur de la mort, parce que Jésus est ressuscité des morts. Voilà la grande espérance : l’amour de Dieu a vaincu, il vainc toujours et il vaincra encore. Pour l’homme nouveau qui vit dans l’Esprit, le destin de gloire est déjà certain, malgré la perspective de la mort physique. Cette espérance ne déçoit pas, comme le rappelle également la Bulle d’indiction du prochain Jubilé. [1]

2. L’existence du chrétien est une vie de foi qui opère dans la charité et déborde d’espérance dans l’attente du retour du Seigneur dans la gloire. Le “retard” de la parousie, de sa seconde venue, ne pose pas de problème. La question est autre : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8). Oui, la foi est un don, le fruit de la présence de l’Esprit en nous, mais elle est aussi une mission à accomplir dans la liberté, dans l’obéissance au commandement d’amour de Jésus. Voici la bienheureuse espérance dont nous devons témoigner : où ? quand ? comment ? Dans les drames de la chair humaine souffrante. Si l’on rêve, il faut alors rêver les yeux ouverts, remplis de visions d’amour, de fraternité, d’amitié et de justice pour tous. Le salut chrétien pénètre dans les profondeurs de la douleur du monde qui ne saisit pas seulement les humains, mais l’univers entier, la nature même, l’oikos de l’homme, son milieu de vie ; il saisit la création en tant que “paradis terrestre”, la terre mère qui devrait être un lieu de joie et une promesse de bonheur pour tous. L’optimisme chrétien se fonde sur une vivante espérance : il sait que tout tend vers la gloire de Dieu, la consommation finale dans sa paix, la résurrection corporelle dans la justice, “de gloire en gloire”. Mais dans le temps qui passe, nous partageons la douleur et la souffrance : la création tout entière gémit (cf. Rm 8, 19-22), les chrétiens gémissent (cf. v. 23-25) et l’Esprit lui-même gémit (cf. v. 26-27). Le gémissement manifeste l’inquiétude et la souffrance, et aussi l’aspiration et le désir. Le gémissement exprime la confiance en Dieu et l’abandon en sa compagnie aimante et exigeante, en vue de la réalisation de son dessein qui est joie, amour et paix dans l’Esprit Saint.

3. Toute la création est impliquée dans ce processus d’une nouvelle naissance et, en gémissant, elle attend la libération. Il s’agit d’une croissance cachée qui mûrit, presque comme “une graine de moutarde qui devient un grand arbre” ou “du levain dans la pâte” (cf. Mt 13, 31-33). Les débuts sont minuscules, mais les résultats attendus peuvent être d’une beauté infinie. En tant qu’attente d’une naissance – la révélation des fils de Dieu – l’espérance rend possible le fait de rester ferme dans l’adversité, de ne pas se décourager dans les tribulations ou face à la barbarie humaine. L’espérance chrétienne ne déçoit pas, mais elle ne trompe pas non plus : le gémissement de la création, des chrétiens et de l’Esprit est anticipation et attente du salut déjà à l’œuvre, alors que nous sommes à présent plongés dans nombre de souffrances que saint Paul décrit comme “détresse, angoisse, persécution, faim, dénuement, danger, glaive” (cf. Rm 8, 35). L’espérance est donc une lecture alternative non pas illusoire mais réaliste de l’histoire et des événements humains, du réalisme de la foi qui voit l’invisible. Cette espérance est une attente patiente, comme chez Abraham qui ne voyait pas. J’aime rappeler ce grand croyant visionnaire que fut Joachim de Flore, l’Abbé calabrais “doté d’un esprit prophétique”, selon Dante Alighieri. [2] À une époque de luttes sanglantes, de conflit entre la Papauté et l’Empire, de Croisades, d’hérésies et de mondanisation de l’Église, il a su indiquer l’idéal d’un nouvel esprit de coexistence entre les hommes, marquée par la fraternité universelle et la paix chrétienne, fruits de l’Évangile vécu. J’ai proposé cet esprit d’amitié sociale et de fraternité universelle dans Fratelli tutti. Et cette harmonie entre les hommes doit aussi s’étendre à la création dans un “anthropocentrisme situé” (cf. Laudate Deum, n. 67), avec la responsabilité pour une écologie humaine et intégrale, chemin de salut de notre maison commune et de nous-mêmes qui l’habitons.

Pourquoi tant d’injustices, tant de guerres fratricides qui font mourir des enfants, détruisent les villes, polluent le milieu de vie de l’homme, la terre mère violentée et dévastée ?

4. Pourquoi tant de mal dans le monde ? Pourquoi tant d’injustices, tant de guerres fratricides qui font mourir des enfants, détruisent les villes, polluent le milieu de vie de l’homme, la terre mère violentée et dévastée ? Se référant implicitement au péché d’Adam, saint Paul dit : « Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8, 22). La lutte morale des chrétiens est liée au “gémissement” de la création, parce celle-ci « a été soumise au pouvoir du néant » (v. 20). Le cosmos tout entier et toutes les créatures gémissent et aspirent “impatiemment”, afin que la condition présente soit surmontée et que la condition originelle soit rétablie. La libération de l’homme implique aussi, en effet, celle de toutes les autres créatures qui, solidaires de la condition humaine, ont été placées sous le joug de l’esclavage. Comme l’humanité, la création – sans qu’il y ait de sa faute – est esclave et se trouve incapable de faire ce pour quoi elle est conçue, c’est-à-dire avoir un sens et un but durables. Elle est sujette à la dissolution et à la mort, aggravées par les abus de l’homme sur la nature. Mais, en sens contraire, le salut de l’homme dans le Christ est une espérance sûre pour la création « d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu » (Rm 8, 21). Ainsi, dans la rédemption du Christ, il est possible de contempler, dans l’espérance, le lien de solidarité entre l’être humain et toutes les autres créatures.

5. Dans l’attente pleine d’espérance et persévérante du retour glorieux de Jésus, l’Esprit Saint garde la communauté croyante vigilante et l’instruit continuellement, Il l’appelle à la conversion des styles de vie, à résister à la dégradation de l’environnement par l’homme, et à manifester cette critique sociale qui est avant tout un témoignage de la possibilité de changer. Cette conversion consiste à passer de l’arrogance de ceux qui veulent dominer sur les autres et sur la nature – réduite à un objet à manipuler – à l’humilité de ceux qui prennent soin des autres et de la création. « Un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même » (Laudate Deum, n. 73), car le péché d’Adam a détruit les relations fondamentales par lesquelles l’homme vit : celles avec Dieu, avec lui-même et avec les autres êtres humains, et aussi celles avec le cosmos. Toutes ces relations doivent être, de manière synergique, restaurées, sauvées, “rendues justes”. Aucune ne peut manquer. Si l’une d’entre elles manque, tout s’effondre.

6. Espérer et agir avec la création signifie avant tout unir les forces et, en cheminant avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté, contribuer à « repenser la question du pouvoir humain, de sa signification et de ses limites. En effet, notre pouvoir s’est accru de manière effrénée en peu de décennies. Nous avons fait des progrès technologiques impressionnants et stupéfiants, et nous ne nous rendons pas compte que, dans le même temps, nous sommes devenus extrêmement dangereux, capables de mettre en danger la vie de beaucoup d’êtres ainsi que notre propre survie » (Laudate Deum, n. 28). Un pouvoir incontrôlé engendre des monstres et se retourne contre nous-mêmes. C’est pourquoi il est urgent aujourd’hui de poser des limites éthiques au développement de l’intelligence artificielle qui, avec sa capacité de calcul et de simulation, pourrait être utilisée à des fins de domination sur l’homme et sur la nature plutôt qu’au service de la paix et du développement intégral (Cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2024).

7. “L’Esprit Saint nous accompagne dans la vie”. C’est ce qu’ont bien compris les enfants réunis place Saint-Pierre pour leur première Journée Mondiale qui coïncidait avec le dimanche de la Sainte Trinité. Dieu n’est pas une idée abstraite de l’infini, mais il est Père aimant, Fils ami et rédempteur de tout homme, et Esprit Saint qui guide nos pas sur le chemin de la charité. L’obéissance à l’Esprit d’amour change radicalement l’attitude de l’homme : de “prédateur” il devient “cultivateur” du jardin. La terre est confiée à l’homme, mais reste à Dieu (cf. Lv 25, 23). C’est l’anthropocentrisme théologique de la tradition judéo-chrétienne. Par conséquent, prétendre posséder et dominer la nature, la manipuler à volonté, est une forme d’idolâtrie. C’est l’homme prométhéen, ivre de son pouvoir technocratique qui, avec arrogance, met la terre en état de “dis-grâce”, c’est-à-dire privée de la grâce de Dieu. Or, si la grâce de Dieu c’est Jésus, mort et ressuscité, alors ce que Benoît XVI a dit est vrai : « Ce n’est pas la science qui rachète l’homme. L’homme est racheté par l’amour » (Lett. enc. Spe Salvi, n. 26), l’amour de Dieu dans le Christ dont rien ni personne ne pourra jamais nous séparer (Cf. Rm 8, 38-39). Continuellement attirée par son avenir, la création n’est pas statique ni fermée sur elle-même. Aujourd’hui, grâce aussi aux découvertes de la physique contemporaine, le lien entre la matière et l’esprit fascine de plus en plus notre connaissance.

8. La sauvegarde de la création n’est donc pas seulement une question éthique mais aussi éminemment théologique. Elle concerne en effet l’imbrication du mystère de l’homme et du mystère de Dieu. Cette imbrication peut être dite “générative” car elle remonte à l’acte d’amour par lequel Dieu crée l’être humain dans le Christ. Cet acte créateur de Dieu confère et fonde l’action libre de l’homme et toute son éthique : libre précisément dans son être créé à l’image de Dieu qui est Jésus Christ et, pour cette raison, “représentant” de la création dans le Christ lui-même. Il existe une motivation transcendante (théologico-éthique) qui engage le chrétien à promouvoir la justice et la paix dans le monde, y compris à travers la destination universelle des biens. Il s’agit de la révélation des fils de Dieu que la création attend, en gémissant comme dans les douleurs d’un enfantement. L’enjeu n’est pas seulement la vie terrestre de l’homme dans l’histoire mais surtout son destin dans l’éternité, l’eschaton de notre bonheur, le Paradis de notre paix, dans le Christ Seigneur du cosmos, le Crucifié-Ressuscité par amour.

9. Espérer et agir avec la création signifie alors vivre une foi incarnée qui sait entrer dans la chair souffrante et pleine d’espérance des personnes, en partageant l’attente de la résurrection des corps à laquelle les croyants sont prédestinés dans le Christ Seigneur. En Jésus, le Fils éternel dans la chair humaine, nous sommes réellement fils du Père. Par la foi et le baptême, commence pour le croyant la vie selon l’Esprit (Cf. Rm 8, 2), une vie sainte, une existence de fils du Père, comme Jésus (Cf. Rm 8, 14-17), puisque, par la puissance de l’Esprit Saint, le Christ vit en nous (Cf. Ga 2, 20). Une vie qui devient chant d’amour pour Dieu, pour l’humanité, avec et pour la création, et qui trouve sa plénitude dans la sainteté. [3]

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 27 juin 2024

FRANÇOIS