NATIVITE DU SEIGNEUR - VEILLEE - JOUR DE NOËL - Célébrations : quand et où ?
NOËL DANS VOTRE PAROISSE - CÉLÉBRATIONS OÙ ET QUAND ?
MARDI 24 DÉCEMBRE - Veillée à la Basilique à 19h00 et à 23h00
(ainsi qu'à Arc-lès-Gray et à Pesmes à 19h00)
MERCREDI 25 DÉCEMBRE - Jour de Noël : Messe à la Basilique à 10h00
(ainsi qu'à Autrey-lès-Gray et à Valay à 10h30)
Crèche de la basilique Notre-Dame de Gray
À NOTER : MARDI 24 DÉCEMBRE - 10h00 à 11h00 - BASILIQUE - CONFESSIONS
Au terme des quatre dimanches de l’Avent, qui rappelaient les promesses de salut de Dieu, voici venu le temps de la réalisation de ces promesses : « Un enfant nous est né, un Fils nous est donné. » C’est dans la joie que nous allons accueillir cet accomplissement, une joie simple mais profonde, à l’image de celle des bergers et du psalmiste.
« Le fait que Dieu se fasse petit enfant, afin que nous puissions l'aimer, afin que nous osions l'aimer, et que, comme un petit enfant, il se mette avec confaince entre nos mains, nous émeut toujours de nouveau. Il dit presque : je sais que ma splendeur t'effraie, que, devant ma grandeur, tu cherches à t'affirmer toi-même. Eh bien, je viens donc à toi comme un petit enfant, pour que tu puisses m'accueillir et m'aimer.» (Benoît XVI)
« Vous ne vivez pas Noël sans faire, comme Marie, un lien avec ce que vivent les gens aujourd'hui. Vous pensez bien que, puisque Jésus a pris notre chair humaine, tous les frêres qui sèment de la paix et pansent les blessures, c'est le corps de Jésus qui sème la paix ; tous les frères qui sont blessés, c'est le coprs de Jésus qui est blessé. Noël, c'est Dieu qui se rend présent dans des circonstances de pauvreté et d'insécuirté comme beaucoup en connaissent.» (Diocèse Belfort-Montbéliard)
Comme le racontent les évangélistes Luc et Mathieu, Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire ». Dans les environs, se trouvaient des bergers. L’Ange du Seigneur s’approcha et leur dit : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».
« Rien de merveilleux, rien d’extraordinaire, rien d’éclatant n’est donné comme signe aux bergers, commentait le pape Benoit XVI. Ils verront seulement un enfant entouré de langes qui, comme tous les enfants, a besoin de soins maternels ; un enfant qui est né dans une étable et qui, de ce fait, est couché non pas dans un berceau, mais dans une mangeoire. Le signe de Dieu est l’enfant, avec son besoin d’aide et sa pauvreté ».
PARMI LES PAUVRES
(Editorial de Sylvain Gasser, prêtre assomptionniste, Prions en Église)
Il ne fait pas bon être pauvre au temps de Noël. Les projecteurs de la fête exaltent la bonne chère, le clinquant et les paillettes, comme si les années de confinement et de crises n'avaient pas eu lieu. Noël des nantis ... Noël des pauvres. Deux fêtes qui se vivent à des années lumière. Les uns célèbrent le Dieu qui a comblé la terre de la pluie de ses bénédictions, les autres ont toutes les raisons de maudire l'auteur d'un monde aussi mal fichu. A vrai dire, il y a autant de provocation dans la naissance de Jésus que de Passion. Celui qui s'annonce comme Sauveur ne peut apparaître que comme pauvre. D'où l'invitation à la conversion pour celui qui a ; l'enfant de Bethléem témoigne d'un autre Dieu que l'argent. D'où l'invitation à la conversion pour celui qui n'a pas ; Jésus est situé du côté des pauvres pour condamner la pauvreté et proclamer que Dieu fera justice. Il ne canonise pas une situation sociale ; Noël n'est la possession de personne ; le rendez-vous est toujours hors du quant-à-soi. Mettons une assiette de plus à notre table pour désenclaver nos cercles de vie et apprendre à naître de nouveau.
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LA NUIT NE SERAIT JAMAIS QUE NUIT…
La nuit ne serait jamais que nuit si le cri d’un tout-petit ne l’avait désarçonnée.
Les ténèbres ne seraient jamais que ténèbres si la lumière ne s’était risquée à les découdre.
Le malheur ne serait jamais que malheur si un visage n’en avait partagé la lourdeur.
Noël, une mémoire qui enfante l’histoire, une promesse ourlée à la détresse,
une parole à l’aplomb du monde pour ouvrir une faille, pour éclairer la paille, pour inciter aux semailles.
Dieu en l’humain est toujours possible pour qui accueille sa fragilité comme un berceau !
Francine Carrillo, pasteure protestante
REGARDE L'ÉTOILE...
Espérance, elle te montrera la route de la sérénité même au cœur des souffrances, des absences, des peurs...
Écoute l’espérance, elle te dira que Jésus est venu par amour pour toi...
Vis l’espérance don de l’esprit, tu accepteras tes pauvretés, tes limites dans la paix.
Parle d’espérance, tu seras témoin de vie.
Enracine-toi en Jésus espérance, par le oui de Marie, tu vivras heureuse... Christ est présent, Il t’offre sa tendresse.
Accueille sa joie. C’est Noël.
NUIT DE NOËL DU 24 AU 25 DECEMBRE
CLÉS DE LECTURE
(Prions en Église)
Une humble naissance, qui change le cours de l’histoire Le Sauveur attendu aurait pu naître à Jérusalem, la ville sainte, mais c’est plutôt dans une étable obscure de Bethléem que Jésus est né. Marie et Joseph sont des gens humbles, les bergers le sont aussi. Dieu aime nous surprendre, et seuls les humbles savent accueillir sa lumière et son salut.
PREMIÈRE LECTURE | Isaïe 9, 1-6
Lecture : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés. Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseillermerveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l'Univers.
Isaïe a déjà annoncé la naissance de l’Emmanuel alors que Jérusalem était menacée par les états voisins et qu’elle était dirigée par le roi Acaz, peu réceptif aux oracles du prophète. Celui-ci persiste et signe : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné. » Alors que l’oracle de l’Emmanuel laissait planer des doutes sur le temps de sa naissance, le prophète a maintenant la conviction que Dieu a déjà donné au peuple – dans la personne d’Ézékias sans doute – un dirigeant selon son cœur. Le trône de David est maintenant entre les mains d’un « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince de la Paix. »
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PSAUME | Psaume 95
Le prophète annonçait la naissance d’un enfant royal et messianique qui allait un jour affermir son règne sur « le droit et la justice ». Ce jour est arrivé, annonce l’antienne du psaume, et l’enfant royal porte un nom : « C’est le Christ, le Seigneur. » Le ton festif et jubilatoire du psaume 95 convient parfaitement à l’événement que nous célébrons en cette nuit. Événement qui ne concerne pas seulement les chrétiens, mais bien la « terre entière, […] tous les peuples, […] toutes les nations ». C’est aussi l’ensemble de la Création (ciel, terre, mer, campagne et forêts) qui doit se réjouir et acclamer le Sauveur. « Joie au ciel ! Exulte la terre », proclame le psaume, anticipant le chant des anges dans l’évangile.
Psaume :
Refrain : Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur
Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom !
De jour en jour, proclamez son salut, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles !
Joie au ciel ! Exulte la terre ! Les masses de la mer mugissent, la campagne tout entière est en fête.
Les arbres des forêts dansent de joie devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre.
Il jugera le monde avec justice et les peuples selon sa vérité !
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DEUXIÈME LECTURE | Tite 2, 11-14
Lecture :
Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
La lettre à Tite est l’une des trois lettres « pastorales » attribuées à Paul. L’Apôtre s’adresse à Tite d’une manière très personnelle pour lui faire des recommandations sur l’organisation de la vie de la communauté. Ce qui ne l’empêche pas de donner un cadre théologique à ses recommandations. Il insiste sur la manifestation « de la grâce de Dieu », de sa bonté et son amour « pour les hommes ». De cette manifestation découle un style de vie pour « le temps présent » : équilibre, justice et piété. On pourrait dire présence au monde et adaptation à la culture du temps. Mais cette sagesse est habitée par la grâce du Christ et animée par « la bienheureuse espérance » de son retour glorieux.
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ÉVANGILE | Luc 2, 1-14
Luc aime s’appuyer sur des données historiques, et son récit de la naissance de Jésus en est un bel exemple. Jésus n’est pas un personnage imaginaire. Il est né à l’époque de l’empereur Auguste et du gouverneur de Syrie, Quirinius, et au temps où Auguste décrète un recensement de « toute la terre ». Marie et Joseph résident à Nazareth, mais se déplacent à Bethléem pour se faire recenser. L’événement est tout ce qu’il y a de plus public, mais la naissance de Jésus se fera dans un abri de fortune. Seuls des bergers avertis par l’ange du Seigneur apprennent la bonne nouvelle d’un « Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » et s’empressent de venir auprès de Marie et Joseph pour ensuite louer Dieu et témoigner de ce qu'ils ont appris au sujet de cet enfant.
Alors que Matthieu ne faisait référence, dans son récit de la naissance de Jésus, qu’au roi Hérode, Luc insère le sien dans un contexte historique plus universel. Il fait référence à « un édit de l’empereur Auguste » et à un recensement de « Quirinius, […] gouverneur de Syrie ». L’évangéliste, qui se préoccupe du sort des plus pauvres, mentionne que Jésus naît dans d’humbles conditions : il repose « dans une mangeoire ». Et ce ne sont pas des mages avec de riches présents qui lui rendent visite, mais bien de pauvres bergers. Ils sont les premiers à recevoir « la bonne nouvelle » de la naissance de Jésus. Le « Sauveur » sera lui-même le berger de son peuple. La « gloire de Dieu » se manifeste d’abord aux pauvres, ces privilégiés de l’amour de Dieu.
Évangile :
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
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COMMENTAIRE DE LA NUIT DE NOËL
Marie-Caroline Bustarret, théologienne, enseignante aux facultés Loyola Paris, 2024
BOULEVERSEMENT DE LA PUISSANCE
Les lectures de cette nuit de Noël permettent de mesurer l’écart entre la figure du messie attendu par le peuple et la révélation de l’Évangile. L’enfant dont la naissance est annoncée par Isaïe porte sur lui le signe du pouvoir, ses attributs véhiculent un imaginaire de grandeur. Bien que le prophète décrive un règne de bonté, il reste difficile de nous départir de l’image d’un sauveur qui serait un roi au sens littéral du terme. Nous avons du mal à envisager l’exercice du pouvoir autrement que comme un assujettissement, car quand le pouvoir nous revient, c’est ainsi que nous tendons à l’exercer. Mais voici que l’Enfant dont la naissance est fêtée ce soir naît dans le dénuement. Sa vie tout entière est un renversement absolu de la notion de puissance. S’il a été éminemment ardu pour les contemporains de Jésus d’accepter qu’il révèle en son effacement la toute-puissance de Dieu, ça ne l’est pas moins pour nous aujourd’hui. Le soir de Noël, nous sommes appelés à nous convertir à cet incroyable bouleversement qui nous révèle que participer à la grandeur de Dieu, c’est refuser de faire place en nos cœurs à toute pulsion de domination. Car tant que le moindre rêve de (toute-)puissance hantera notre cœur, nous courrons le risque de prêter nos forces à la violence et de tourner le dos à Dieu que nous voulons pourtant servir. Voilà peut-être en quoi consiste la purification qui fera de nous un peuple selon le cœur de Dieu dont il est question dans l’épître de ce jour ?
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COEUR DE BERGER
Commentaire de la nuit de Noël, Anna Da, xavière, Prions en Église, 2023
En cette nuit de Noël, la liturgie invite à porter le regard sur les bergers qui veillent sur leurs troupeaux à la lueur des étoiles et à voir la gloire du Seigneur les envelopper de sa lumière. À entendre la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur annoncée par le prophète Isaïe au peuple libéré du joug qui pesait sur lui, de la barre qui meurtrissait son épaule, du bâton du tyran. À partager l’expérience des bergers saisis par la joie et l’allégresse qui les font partir en hâte chercher le nouveau-né, le trouver emmailloté et couché dans une mangeoire. Quel appel surprenant ! Appel à reconnaître le Sauveur, Christ et Seigneur, en ce nouveau-né qui se tient en humble place dans une mangeoire. Appel à découvrir, avec les bergers émerveillés, le Prince-de-la-Paix venu comme un petit pauvre, au cœur des
ténèbres et de la fragilité de notre humanité. Répondons à cet appel en nous disposant à cette rencontre extraordinaire dans l’ordinaire de nos vies, nous faisant petits pauvres, à sa manière à lui. Introduits auprès de Joseph, Marie et l’Enfant, accordons nos cœurs à ceux des bergers, eux qui les premiers ont reçu l’étonnante nouvelle du salut pour la porter au peuple qui marche dans les ténèbres : le signe du pouvoir du Prince-de-la-Paix est un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Promesse d’un règne de paix, établi sur le droit et la justice maintenant, pour toujours
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DIEU SE PROPOSE À L'HOMME
Commentaire de la nuit de Noël : Jean-Paul Sagadou, prêtre assomptionniste, rédacteur en chef de Prions en Église Afrique, 2022
L’annonce de la naissance de Jésus s’ouvre sur un évènement historique : l’édit de l’empereur Auguste qui ordonne de recenser toute la terre. Il est même précisé que le premier de ce recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Le pouvoir des hommes et l’image qu’ils se font du monde est donc le cadre temporel où le récit de la naissance de Jésus nous est proposé. Le plus étonnant, c’est que dans ce monde qui semble être sous la maîtrise des grands hommes, il n’y a de lieu pour l’enfant à naître qu’une « mangeoire ». Dieu se laisse trouver et se donne à voir dans la fragilité d’un enfant qui naît dans un espace insignifiant, réservé au bétail. N’est-ce pas là le côté le plus mystérieux de la fête de Noël ? Le « signe » qui nous est donné ? Et on peut affirmer que Dieu, en son Fils, ne s’impose pas, il ne force l’adhésion de personne. Il se propose. Le sens de Noël réside en ceci : rencontrer Dieu dans le visage d’un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Ce « signe » est celui de la proximité de Dieu. La sagesse africaine enseigne que : « Quand le masque lui-même est présent, on ne vénère plus la figurine qui le représente. » La leçon : toutes les autres formes de médiations et d’intermédiaires pour rencontrer Dieu sont devenues caduques. Plus besoin d’un quelconque esprit pour avoir accès à Dieu et à son salut. En son Fils Jésus, Dieu est désormais lui-même présent. Il s’est fait chair et il est venu habiter chez nous. Dieu est là, présent dans nos vies et dans le monde.
JOUR DE NOËL - NATIVITÉ DU SEIGNEUR
CLÉS DE LECTURE (Prions en Église)
Le salut sous toutes ses couleurs.
D’Isaïe à Matthieu, en passant par le psaume et la lettre aux Hébreux, chacune des lectures célèbre « la bonne nouvelle du salut » et l’immense joie qui culmine dans la naissance du Sauveur, « Verbe fait chair »,
habitant « parmi nous » et « lumière des hommes ».
Jour de fête, Dieu est parmi nous.
La naissance de l’Enfant de Bethléem est bonne nouvelle pour toute l’humanité : Dieu, en Jésus, se fait homme. Jésus est la Parole définitive du Père. Adorons et chantons notre Sauveur, qu’il dissipe les ténèbres du monde
et lui donne sa paix, qu’il accorde un temps de fête à tous les chrétiens qui le célèbrent en ce jour de Noël.
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PREMIÈRE LECTURE | Isaïe 52, 7-10
Isaïe mérite bien le titre de « prince des prophètes » qu’on lui a donné. C’est lui qui a inventé dans la Bible hébraïque le mot qui veut dire « porteur de la bonne nouvelle », c’est-à-dire « évangéliste ». Il en parle ici à la troisième personne, faisant sans doute une référence collective aux autres prophètes, mais lui-même n’a pas son égal comme porte-parole de l’Évangile du salut et de ses multiples facettes. D’ailleurs son nom hébreu, « Yesha-ya-hou », veut dire : « Yahvé, c’est lui qui sauve. » Pour Isaïe, le salut est paix, bonne nouvelle, sainteté, retour de Dieu à Sion, consolation du peuple, rachat de Jérusalem, victoire.
Ce texte est l’œuvre de disciples d’Isaïe contemporains du retour des exilés, alors que Jérusalem est encore un amas de ruines. II s’agit d’un hommage rendu au discours unanime des prophètes concernant le rachat de Sion (Jérusalem). Leurs voix s’unissent autour d’un message qualifié « d’Évangile »(« Bonne Nouvelle ») et d’annonce de la « paix » et du « salut ». Ces prophètes sont des « guetteurs », des « veilleurs » (Is 21, 11-12) qui annoncent la clarté du matin. Tous éclatent « en cris de joie » pour célébrer le retour de Dieu à Sion et les manifestations de sa sainteté « aux yeux de toutes les nations ».
Lecture :
Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu! » Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem, car le Seigneur console son peuple, il rachète Jérusalem! Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu. – Parole du Seigneur.
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PSAUME | Psaume 97
Le psaume 97 est le plus long du recueil des psaumes de la royauté de Dieu (Ps 92. 94 – 98). Le psalmiste rejoint parfaitement la vision universaliste qu’Isaïe se fait du salut, avec sa double mention de la victoire divine, et de l’amour que Dieu porte à Israël. Et tout comme le prophète Isaïe, très actif en Juda et à Jérusalem, excelle à souligner l’universalisme du salut, le psalmiste et sa communauté témoignent, eux aussi, d’un Dieu « qui a révélé sa justice aux nations » et qui a fait voir à « la terre tout entière » sa « victoire », c’està-dire, son « salut ». Les deux dernières strophes convoquent tous les instruments de musique pour acclamer la royauté du Seigneur.
D’entrée de jeu, la communauté est invitée à chanter au Seigneur « un chant nouveau ». Certes, le psaume comporte des références aux événements du passé, notamment la sortie d’Égypte et l’entrée dans la Terre promise : « merveilles », « bras très saint », « main puissante », « victoire » (salut). Mais le salut, précisément, n’est pas seulement histoire du passé. Dieu renouvelle ses exploits périodiquement, car son amour et sa fidélité envers Israël sont indéfectibles. Il y a ample motif pour Israël d’utiliser toutes les musiques pour célébrer son roi. Sans oublier toutefois que le salut de Dieu s’exerce aussi pour les « nations » et pour « la terre tout entière ».
Psaume :
℞ La terre tout entière a vu le salut que Dieu nous donne.
Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles;
par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !
Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments;
au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur!
DEUXIÈME LECTURE | Hébreux 1, 1-6
L’ouverture de la lettre a quelque chose de solennel : l’auteur résume en quelque sorte la riche histoire de la parole de Dieu transmise par les prophètes « à nos pères » dans la foi. Plus solennelle encore est l’affirmation d’une étape décisive et définitive (« à la fin, en ces jours où nous sommes ») de la parole de son Fils, « héritier de toutes choses, et par qui il a créé les mondes ». Le Fils est donc prophète, mais il est aussi Sagesse. On sait que la Sagesse est créatrice (Pr 8, 22-31). Or l’auteur alexandrin de la lettre aux Hébreux reprend, en substance, les mots d’un autre écrivain alexandrin, auteur du livre de la Sagesse : ce dernier voit la Sagesse comme étant le « rayonnement de la lumière éternelle […], l’image (en grec : l’icône) de sa bonté » (Sg 7, 25-26). Quelle belle concordance entre Ancien et Nouveau Testaments !
Alors que Jean, dans l’évangile, parlera du Verbe en son commencement auprès de Dieu, l’auteur de la Lettre aux Hébreux parle plutôt du Christ comme aboutissement et accomplissement de la Parole portée par les prophètes. Mais il rejoint Jean en parlant de l’intimité du Fils, « rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être », deux expressions tirées du livre de la Sagesse (Sg 7, 25-26). Comme « la Sagesse » (Pr 8, 12 ; 22-31) est « maître d’œuvre » de la Création, « le Fils [… ] porte l’univers par sa parole puissante ». Alors que certains souhaitaient vouer un culte aux anges, l’auteur affirme la nette supériorité du Fils et rappelle que les anges doivent se prosterner devant lui.
Lecture :
À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux ; et il est devenu bien supérieur aux anges, dans la mesure même où il a reçu en héritage un nom si différent du leur. En effet, Dieu déclara-t-il jamais à un ange : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ? Ou bien encore : Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils ? À l’inverse, au moment d’introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que se prosternent devant lui tous les anges de Dieu. – Parole du Seigneur.
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ÉVANGILE | Jean 1, 1-18
Dans son célèbre Prologue, hormis la référence à Jean Baptiste le témoin, l’évangéliste Jean nous renvoie d’emblée au « commencement » absolu (celui de la Création), et au monde divin. Celui qu’il appelle « le Verbe » était « auprès de Dieu et c’est par lui que tout est venu à l’existence ». L’évangéliste ne nomme pas Jésus, mais il le présente déjà comme « la vie » et « la lumière des hommes », et ce, depuis le commencement de toutes choses. Ce Verbe de vie, nous dit Jean, « s’est fait chair et il a habité parmi nous ». Jean ne parle ici ni de Bethléem, ni de Marie et Joseph, mais il nous gratifie du mystère sublime de l’Incarnation. Littéralement dans l’original grec : « Et le Verbe, chair s’est fait ». La contiguïté des mots « Verbe » et « chair » réconcilie l’éternel divin et la finitude humaine
Jean ne raconte pas à proprement parler la « naissance » de Jésus. Il l’interprète et en approfondit le sens théologique de multiples façons. D’une part, il fait remonter les origines du Christ « au commencement auprès de Dieu. » D’autre part, il n’emploie le nom de Jésus Christ qu’une seule fois et parle plutôt du « Verbe » (cinq emplois du mot). Jean invente aussi de manière très originale le concept d’incarnation : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. » La première partie de cette phrase est plus qu’audacieuse. Selon l’ordre des mots en grec, on a : « Et le Verbe chair s’est fait. » « Verbe » (en grec, Logos) et « chair » (en grec, sarx) étaient des mots qu’on opposait dans Ia philosophie grecque. Voilà donc une déclaration choc, dont il faut prendre la pleine mesure en ce jour de Noël.
Evangile :
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, la lumière des hommes; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Fin de la lecture brève Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. » Tous, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.
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RENOUVELLEMENT
Commentaire du jour de Noël, Vincent Leclercq, prêtre assomptionniste, Prions en Eglise
Dans la Bible, la parole est l’expression la plus intime d’une personne. Pour Jean, le « Verbe de Dieu » révèle son visage et la parfaite égalité entre le Fils et le Père. L’évangéliste rappelle le rôle du Verbe dans la Création – « rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui » – et dans l’histoire du salut – « la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ ». Avec sa naissance sur notre terre, la Lumière de Dieu resplendit désormais sur tout homme. Aucune nuit ne pourra l’assombrir. Jean avait reçu la mission d’annoncer sa venue. Son nom signifiait que Dieu a accordé sa grâce. En devenant homme, Dieu assume la fragilité de notre condition et notre besoin d’être sauvés. Le monde peut désormais recommencer ; l’homme renaître à sa condition originale et redécouvrir son rôle sur la terre. Il pourra prendre soin de la Création, communiquer avec Dieu et partager avec lui ce qui constitue sa vie. Dieu se raconte dans l’harmonie de la Création et se laisse découvrir sous les traits d’un nouveau-né. À Noël, chacun reçoit le don de contempler un monde renouvelé, de devenir enfant de Dieu et de vivre à ses côtés. Un tel cadeau ne se refuse pas. La joie des plus petits nous introduit au mystère de Noël. Retrouvons les yeux pétillants de notre enfance pour redire notre foi dans le Christ Jésus et notre bonheur d’être accueillis dans la famille de Dieu.
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LA PAROLE ET LE CAMPING
Commentaire du jour de Noël, Luc Forestier, prêtre de l'Oratoire, Prions en Eglise, 2023
En neuf petits mots grecs, saint Jean décrit une transgression majeure de l’ordre des choses. « Et le Verbe s’est fait chair, et il a planté sa tente parmi nous », selon une traduction possible. Deux éléments au moins viennent heurter nos représentations immédiates et mobilisent malgré tout notre expérience. En effet, ciel et terre s’unissent aujourd’hui en Jésus puisque la Parole, immatérielle, légère, spirituelle pour tout dire, habite et renouvelle pleinement la chair, pesante, faible et destinée à la mort. Jusqu’alors, une voix criait, seule, dans le désert. Malgré leur succès limité, ces prophètes d’hier et d’aujourd’hui ont pourtant préparé l’entrée de la Parole au cœur d’une humanité rétive à recevoir l’Alliance nouvelle que Dieu propose à son peuple. En communiant à la Parole faite chair, les prophètes sont alors ces hommes et ces femmes capables d’esquisser un geste de liberté au creux de l’histoire. À notre tour de signifier, par notre vie, la nouveauté de la Parole. De plus, l’habitation de l’histoire humaine par la Parole divine est comprise comme l’installation d’une tente. Or, le camping combine la mobilité permanente et l’investissement d’un terrain concret en plantant des piquets. La parole de Dieu devient chair humaine dans un mouvement perpétuel, afin de rejoindre ces territoires sans cesse renouvelés de nos existences. Habités au cœur de notre vie par la Parole faite chair, nous voilà poussés à nous déplacer pour transmettre la joie de Noël.
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LE SANTON DE L'ENFANT JÉSUS
Commentaire du jour de Noël de Karem Bustica,rédactrice en chef de Prions en Église, 2022
Aujourd’hui, le Christ est né. Plusieurs d’entre nous ont déposé le santon de l’Enfant Jésus au centre de leur crèche. Il est venu combler l’espace vide de cette représentation traditionnelle de Noël, symbole de notre attente, de toutes les attentes. « Au commencement », le Christ était déjà, précise Jean dans son prologue, comme une résonance du temps de la Création où quand « Dieu dit », Dieu fait. Le Christ est le Verbe. Est-il la Parole ? l’action ? la vie ? la lumière ? Le Christ est Dieu ! Il est venu chez lui et les siens sont restés aveugles. Mais le Fils a donné la possibilité de devenir enfants de Dieu à ceux qui acceptent d’ouvrir leur cœur à sa présence. Comme une lumière, il brille dans les ténèbres.
Lorsque nous déposons le santon de ce bébé, notre geste affirme notre foi en ce Dieu qui choisit de naître dans ce monde tel qu’il est aujourd’hui, cet endroit blessé par la guerre, l’argent trompeur et les pouvoirs égoïstes. Mais aussi témoin de nos plus belles réussites et de nos générosités les plus discrètes. Le santon de Jésus murmure notre espérance que, si bas qu’il soit tombé, notre monde ne pourra pas arrêter la lumière de Dieu. Dieu est plus fort que le mal et le mensonge, il nous a faits pour la vie et pour le bonheur, il nous donne part à sa plénitude. Ce nouveau-né de la crèche exprime notre engagement de l’annoncer et de le servir auprès des pauvres et des exclus, dans la gratuité et le désintéressement, comme les témoins de sa lumière.
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Et aussi ...
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HYMNE de Marie-Pierre Faure (1928-2022) pour Noël
NOUS TE CHERCHIONS, SEIGNEUR JESUS
Nous te cherchions, Seigneur Jésus, nous t'avons longtemps attendu, nous avions soif de ton visage :
ô seul désir pour notre foi qu'un long regard posé sur toi.
Comme une source en jaillissant remplirait la nuit de son chant, tu nous redis le nom du Père :
révélation de cet amour qui te possède au premier jour.
Ce qui commence là sans bruit l'oblation du grain pour le fruit, qui parmi nous peut le comprendre ?
Voici le pain, voici le vin déjà remis entre nos mains.
Vers quelle joie nous conduis-tu, au-delà du Fils apparu, nuit de Noël et nuit de Pâques ?
Vers l'éternelle Eucharistie qui chante au sein du Dieu de vie.
Belle fête de la Nativité !