Rameaux - Laurent Jarand — Paroisse du Val de Pesmes

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Rameaux - Laurent Jarand

Rameaux A 2020

  Entre la 1ère lecture de cette fête des Rameaux et le récit de la Passion, quel étonnant contraste ! Sur les pentes du mont des Oliviers, les foules se pressent et elles crient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient ou nom du Seigneur !» Bien volontiers, nous allons nous associer à cette multitude en liesse et brandir nos rameaux. Puis, les autres lectures vont nous acheminer vers ce que saint Jean appellera « l’heure », et que l'on trouve déjà dans le récit de la Passion selon saint Matthieu « La voici toute proche l'heure où le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs » Jésus ne s'est pas dérobé » (1 ère lect.) il a accepté qu'une bande de vauriens l'entourent et qu'ils lui percent les mains et les pieds (Ps 21).

         L'heure c'est l'épreuve décisive, l'épreuve de la foi : celle où toutes nos images de Dieu vacillent et s'effondrent. « II se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même devenant obéissant jusqu'à mourir et à mourir sur une croix » (2ème lect).

  Il convient d'apporter ici une précision sur la notion de péché. Trop souvent confondu avec la faute morale, le péché est fondamentalement, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, le refus de Dieu et, plus précisément, le refus de l'amour de Dieu. Ce refus provoque une rupture d'avec Dieu et coupe l'homme de la source de la vie ; c'est pourquoi le péché conduit à la mort.

  Ce refus de Dieu se traduit dans une prise de position qui conduit l'homme à se substituer à Dieu. C'est ce qu'exprime le récit du péché des origines : « Vous serez comme des dieux », suggère le tentateur. Pratiquement, l'homme se choisit d'autres absolus, qu'il substitue à Dieu. C'est pourquoi, le péché fondamental, c'est l'idolâtrie.

  Ainsi la catégorie du « péché » renvoie-t-elle à la relation existentielle de l'homme à Dieu et non d'abord à un comportement moral.

Ce qui caractérise le christianisme, ce n'est pas seulement la croyance à des dogmes, ou à l'adhésion à des théories, c'est la foi en une personne : Jésus-Christ. Pour le chrétien, c'est Jésus-Christ qui est la réponse au mal et à la souffrance. Il n'a donné aucune explication ni développé aucun discours sur le sujet, simplement il a agi et affronté le mal jusqu'au bout.

  Si la souffrance et la mort en croix de Jésus de Nazareth ont eu un tel impact, c'est parce que ses disciples, en faisant l'expérience de sa résurrection, ont reconnu en lui, Dieu lui-même venu se lier sur la croix à la souffrance et à la mort des hommes. Le Très Haut s'est ainsi fait le Très Bas. Il s'est dépouillé totalement de tous les attributs que les religions lui ont conférés depuis qu'elles existent, pour se faire l'humble serviteur des hommes.

Au centre de la foi chrétienne, il n'y a ni sermon ni explication, mais cet événement unique qui atteste de la solidarité de Dieu avec la misère des hommes.

  Jésus de Nazareth a donné à sa mort le sens d'une Pâque, d'un passage de ce monde à son Père, du chemin nécessaire pour accéder à la plénitude de la vie éternelle. Son message central, délivré par ses disciples, est que la mort n'a pas le dernier mot, parce qu'en lui c'est l'amour qui a triomphé de la haine et de la mort.

  Contemplant Jésus sur son âne, je relis ces lignes du cardinal Etchegaray : « J'avance comme l'âne de Jérusalem dont le Messie, un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique. Je ne sais pas grand-chose, mais je sais que je porte le Christ sur mon dos et j'en suis fier. Je le porte, mais c'est lui qui me conduit vers son Royaume... J'avance à petits pas... J'avance en silence... J'avance dans la joie... J'avance comme un âne qui porte le Christ sur son dos. »

  C'est ce que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres au seuil de cette semaine inaugurale : accepter de porter le Christ et accepter de se laisser mener par lui. Jusqu'au bout.

Les anciens disaient :

Rameaux : longue messe court sermon, court repas !

Pâques : courte messe, long sermon, long repas

19h

  Petit âne merci par Monique Champy