Malades et personnes isolées — Doyenné 13 / Luxeuil

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Malades et personnes isolées

La Pastorale de la Santé, nous livre une très belle réflexion sur la question de la visite en ce temps de confinement.


Le difficile équilibre entre visites et santé

 

Vous le savez, l’annonce de la récidive d’une épreuve est difficile à entendre, difficile à accueillir et souvent douloureuse à vivre. Pour autant, si la situation  sanitaire est aussi préoccupante qu’au printemps, les règles ont évolué. Après l’allocution du chef de l’état affirmant ne plus vouloir de « drames humains » de personnes « isolées en fin de vie », le ministre de l’intérieur et des cultes a assuré : « que les aumôniers des hôpitaux, des établissements médico-sociaux et des prisons, pourront continuer à travailler, de même, les bénévoles des associations caritatives pourront poursuivre leur mission. Les responsables de ces activités devront leur fournir une carte attestant leur statut de bénévoles reconnus. »

Forts des enseignements tirés sur l’isolement excessif, il s’agit d’ajuster, encore, notre présence aux plus fragiles, de quelle façon ?

Par un dialogue entretenu avec les directions d’hôpitaux, d’établissements spécialisés et d’EHPAD. Rassurons-les au besoin, sur notre capacité à tenir et ajuster notre place dans le parcours de soins, aux côtés de nos collègues soignants qui ont aussi un grand besoin de notre écoute.

Par une coresponsabilité fraternelle entre les équipes qui visitent les malades (Service Evangélique des Malades) et les curés dont elles sont les relais. Conscients que, sans nous substituer aux familles qui doivent garder la première place dans l’accompagnement de leurs proches, nous avons à repérer les "laissés pour compte ".

En responsabilité, c’est-à-dire en se posant les questions :

  • Quel est le besoin? (demande de sacrement, risque de glissement)
  • Suis-je prêt(e) à la rencontre ? (sans nous mettre en danger mutuellement)
  • La personne à accompagner est-elle en capacité de m’accueillir ? (sans nous mettre en danger mutuellement)

Par plus de visibilité : En invitant, dans les publications paroissiales par exemple, à repérer et signaler les personnes en danger d’isolement.

Par la reprise des initiatives (inaugurées en mars avril) pour rejoindre les personnes malades par téléphone ou par courrier et leur transmettre la prière d’unité (dans les boites aux lettres ou par l’intermédiaire des aidants).

Tenons dans la fraternité à laquelle nous appelle le pape François, dans l’attente du jour où s’accomplira cette béatitude : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolé (Mt 5,4)

L’équipe diocésaine : Bénédicte, Thérèse, Anne, Dominique et Thierry

 

Annexes :  

  • La Croix : Dans les Ehpad, le difficile équilibre entre visites et santé
  • La Croix : Si chacun respecte les gestes barrières on aura gagné

 

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ANNEXE 1 : La Croix mardi 3 novembre 2020

Le reconfinement - Dans les Ehpad, le difficile équilibre entre visites et santé

 Alice Le Dréau

 

Contrairement au premier confinement en mars, les résidents des maisons de retraite peuvent continuer à être visités en dépit de la hausse du nombre de contaminations, qui inquiète.

C’est une mesure qui devrait offrir une respiration aux Ehpad, à la recherche d’un difficile équilibre entre maintien des visites et sécurité sanitaire. Les tests antigéniques – aux résultats plus rapides que les tests PCR – devraient équiper l’ensemble de ces établissements à partir de cette semaine. Ce nouvel outil pourrait aider les maisons de retraite à juguler les contaminations qui ne cessent de grimper.

« L’augmentation des nombres de cas de Covid-19 parmi les résidents des Ehpad fait craindre une augmentation des décès dans les prochaines semaines », mettait d’ailleurs en garde l’agence sanitaire Santé publique France, vendredi 30 octobre. Durant la semaine du 19 au 25 octobre, le nombre de cas confirmés dans les établissements médico-sociaux, dont les Ehpad, a ainsi progressé de 84 % par rapport à la semaine précédente.

Ces chiffres, le gériatre Gaël Durel, président de l’Association nationale des médecins coordonnateurs et du secteur médico-social, les surveille de près : « Les deux mois à venir appellent à notre vigilance », alerte-t-il, expliquant à quel point la crainte de voir le virus entrer dans une maison de retraite représente un « stress » pour toutes les équipes. Au sein d’une population âgée, vivant en milieu partagé, toute contamination peut rapidement avoir des conséquences dramatiques.

Les experts du grand âge saluent néanmoins le maintien des visites en Ehpad, y compris en ce temps de confinement. Ils ont été nombreux, au printemps, a alerté des dégâts physiques et psychologiques provoqués par l’isolement des résidents. « Nous avons été entendus », se réjouit ainsi Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées. « Refermer les Ehpad aurait été une erreur. »

Pour les familles, c’est aussi un soulagement. Laure, dont la grand-mère, 80 ans, est hébergée dans une maison de retraite en Bretagne, se souvient en effet avec angoisse du mois d’avril. « Je lui parlais par appel vidéo, mais je sentais que son envie de vivre déclinait peu à peu. »

Pour éviter les contaminations, des protocoles rigoureux ont été mis en place dans les établissements : visites sur rendez-vous, espaces de rencontre dédiés et désinfectés, gestes barrières, politique de dépistage systématique au moindre cas confirmé, mise en place d’étages Covid, prise de température et registre d’inscription pour les proches… Pourquoi alors le virus y circule-t-il toujours autant ? Est-il amené par les personnels ou les visiteurs ? « Difficile à dire, faute de toujours parvenir à remonter systématiquement les chaînes de contamination », répond le docteur Gaël Durel. Selon lui, 10 % à 20 % des proches peinent à respecter les gestes barrières. « Ils se passent des objets (livres, nourriture), se rapprochent pour parler à l’oreille, ne résistent pas aux embrassades… » Autant de relâchements « qui n’arrivent pas que dans les Ehpad », admet le gériatre.

Du côté des personnels, malgré toute la bonne volonté, le risque zéro n’existe pas. « Que le personnel fasse rentrer le virus, nous y pensons tout le temps », précise Bertrand Coignec, vice-président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées.

Si chaque structure établit sa propre politique pour détecter cet intrus intérieur, le plan de lutte contre l’épidémie de Covid-19, publié le 1er octobre par le ministère de la santé, prévoyait jusqu’ici au moins une campagne de tests réguliers par PCR sur les agents des Ehpad, à chaque fois que l’un d’eux est de retour de congés, ou présente des signes « évocateurs ». « Mais tester le personnel par PCR, même tous les quinze jours, demande une logistique lourde », précise Bertrand Coignec.

D’où la forte attente suscitée par les tests antigéniques, qui peuvent être réalisés et analysés sur place, pour casser rapidement les éventuelles chaînes de contamination. Reste que ces tests, réservés uniquement aux salariés, sont moins fiables. Surtout, dans de nombreux établissements, par manque de personnels, les personnes positives mais asymptomatiques continuent de venir au travail, misant sur les gestes barrières pour éviter toute propagation. « Nous ne le répéterons jamais assez : familles, salariés doivent se serrer les coudes, préconise le docteur Durel. L’interruption des visites aurait des effets trop délétères sur les résidents. »

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ANNEXE 2: La Croix mercredi 4 novembre

Didier Pittet  : « Si chacun respecte les gestes barrières, on aura gagné »

Recueilli par Laureline Dubuy

 

Médecin en santé publique et spécialiste de lutte contre les épidémies, Didier Pittet préside la mission indépendante d’évaluation de la gestion de la crise du Covid-19 en France. L’épidémiologiste suisse fait de l’hygiène des mains et du respect de la distance physique les deux piliers de la lutte contre l’épidémie.

Dans quatre semaines, à la fin du confinement, la deuxième vague sera-t-elle derrière nous ? Pourra-t-on fêter Noël ?

Didier Pittet : Le confinement ou le semi-confinement est une mesure extrême et efficace pour casser la courbe de l’épidémie, dans un délai de deux ou trois semaines. Cela permet de limiter la transmission du virus, si tant est que les mesures de prévention soient appliquées, y compris à domicile. Car si vous êtes chez vous et que vous ne vous lavez pas régulièrement les mains ou que vous ne portez pas de masque aussitôt que quelqu’un développe des symptômes, les contaminations continueront.

Plus la population respectera les consignes pendant le confinement puis au moment du déconfinement, qui devra être très progressif, plus nous aurons de chance de pouvoir vivre des fêtes qui s’approcheront de ce que l’on connaît. On peut espérer fêter Noël, mais ça ne sera pas comme d’habitude. Il y aura forcément des limitations, des recommandations, pour Noël comme pour toutes les activités. Leur nature dépendra des résultats du confinement.

Dans votre livre, Vaincre les épidémies (1), vous qualifiez la politique du gouvernement d’« autoritaire » lors de la première vague. Est-ce la raison de la défiance actuelle d’une partie de la population ?

D. P. :Après avoir comparé les façons de faire de différents États, je constate en effet que le gouvernement français a été assez infantilisant pendant le premier confinement. Lorsque vous voulez obtenir l’adhésion des citoyens, il faut les responsabiliser en les informant. À cet égard, les messages diffusés par le ministère de la santé sont clairs, mais ils ne touchent pas tout le monde. Peut-être faudrait-il davantage utiliser d’autres moyens de communication pour s’adresser aux jeunes ? En Suisse, nous faisons appel à des humoristes, des sportifs, des dessinateurs pour faire passer les messages de santé publique.

Cela dit, la stratégie du gouvernement français a déjà évolué. Cette fois, il a opté pour un confinement moins strict, qui implique en contrepartie une plus grande responsabilisation des citoyens. C’est une période extrêmement difficile, mais nous devons tous être solidaires.

Quel est le message sanitaire à faire passer en priorité ? A-t-il évolué ?

D. P. : Le message sanitaire est extrêmement simple : c’est le respect de la distance physique et de l’hygiène des mains. Malheureusement, ces recommandations sont peu, voire pas du tout, appliquées. Je suis d’ailleurs très critique sur le port du masque généralisé car il est très important de ne pas polariser l’attention uniquement sur celui-ci. Le masque est utile lorsque vous ne pouvez pas respecter une certaine distance, mais il n’est pas suffisant : il devrait surtout nous rappeler que nous devons nous frictionner les mains et respecter la distance sociale autant que possible.

Les hôpitaux s’attendent à une montée en charge dans les prochains jours. Faut-il craindre que le système craque et que des patients ne puissent pas être pris en charge ?

D. P. : On a été beaucoup plus surpris par la première vague que par la deuxième. Certes, la situation est différente car toutes les régions et tous les pays sont désormais touchés, ce qui complique les transferts de malades. La surcharge des hôpitaux est actuellement très importante et la solidarité entre le public et le privé est encore plus nécessaire qu’au printemps dernier.

Mais la plupart des pays européens sont mieux préparés. On traite aussi mieux les malades. Je ne pense donc pas que l’on va vivre un scénario lombard à l’échelle européenne (dans cette région d’Italie, la première vague a été extrêmement meurtrière, NDLR).

Le conseil scientifique dit que cette deuxième vague ne sera pas la dernière. Est-ce qu’on va en sortir ?

D. P. : Il est tout à fait normal d’attendre des vagues suivantes, tant que l’immunité de population ne sera pas suffisante pour ralentir la transmission du virus. Si chacun comprend que le respect des gestes barrières est l’essentiel pour contenir l’épidémie en la réduisant à des vaguelettes, alors on aura gagné. Les vaccins qui seront très

certainement disponibles au printemps ou à l’été 2021 feront aussi partie de la solution pour parvenir à l’immunité d’une partie de la population.

Faut-il que les laboratoires cèdent le brevet de leur vaccin, comme vous l’avez fait avec la solution hydroalcoolique, pour que toute la population mondiale puisse en bénéficier ?

D. P. : Ce serait l’idéal. L’OMS essaie d’ailleurs de monter une stratégie en ce sens, par solidarité envers les pays aux ressources limitées. Il serait logique de vacciner d’abord les personnes les plus précaires dans le monde, ensuite les plus précaires dans nos pays et les plus vulnérables, puis les personnes essentielles au système de santé et au fonctionnement de notre société.

Nous devons œuvrer collectivement pour « l’économie de paix ». Cela veut dire mettre au service des autres ce que l’on sait faire de mieux. On est tous dans le même bateau et l’on doit être solidaire les uns des autres. J’ai toujours dit par ailleurs que les vaccins devraient être gratuits, tout comme la solution hydroalcoolique. Tout ce qu’on investit dans la santé publique, on le retrouve dans l’économie.

L’Europe doit-elle définir une stratégie commune à tous les pays pour lutter contre ce virus ?

D. P. : L’Europe de la santé a été inexistante pendant la première vague et je le déplore. Nous en avons parlé dans le cadre de la mission indépendante qu’Emmanuel Macron nous a confiée et lui-même en est parfaitement conscient. Aujourd’hui, il faut une forme de concertation par rapport à la mise en place des mesures : il n’y a aucune raison qu’elles soient différentes d’un endroit à l’autre ou qu’elles tardent à être prises dans certains pays. La deuxième vague concerne toute l’Europe. Trouver une réponse commune permettra de faire repartir l’économie ensemble et c’est fondamental. J’ajoute que, même si on ne sait pas tout de la situation en Chine, les pays asiatiques ont repris une vie presque normale. Certains diront qu’il est plus facile d’obtenir des résultats dans un état dont le régime ressemble à une dictature, et c’est vrai. Mais il nous faut sûrement nous inspirer de la capacité de ces populations à respecter les gestes barrières. C’est la clé pour s’en sortir.