Thème du Temps pour la Création 2024 : Espérer et agir avec la Création — Service diocésain de l'Écologie intégrale

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Accéder au site diocésain

Service diocésain
de l'Écologie intégrale

Thème du Temps pour la Création 2024 : Espérer et agir avec la Création

Tous les ans, du 1er septembre au 4 octobre, les chrétiens du monde célèbrent le temps pour la Création au travers d'actions, de prières etc... Le thème de cette année a été récemment donné : "Espérer et agir avec la Création". Paroisses, communautés de chrétiens, équipes Eglise verte, nous vous invitons à prendre connaissance dès maintenant de cette proposition spirituelle afin d'envisager votre façon de célébrer le temps pour la Création en septembre.

Temps pour la Création 2024

Le thème pour 2024 : Espérer et agir avec la Création

Le symbole : Les prémices de l’espérance

Texte biblique : Rom 8,19-25

Introduction théologique

La Création gémit dans les douleurs de l’enfantement (Romains 8,22)

L’image biblique décrit la Terre comme une mère, gémissant dans l’enfantement. Les temps que nous vivons montrent que nous ne comprenons pas la Terre comme un don de notre Créateur, mais plutôt comme une ressource à utiliser. Saint François d’Assise l’a compris quand il a fait référence à la Terre comme à notre sœur et à notre mère dans son Cantique des Créatures. Comment la Terre Mère peut-elle veiller sur nous si nous ne veillons pas sur elle ? La Création gémit à cause de notre égoïsme et de nos actions non viables qui la blessent.

Avec notre sœur, la Terre Mère, les créatures de toutes sortes, y compris les humains, crient à cause des conséquences de nos actions destructrices qui causent la crise climatique, la perte de biodiversité, la souffrance humaine ainsi que la souffrance de la Création.

Pourtant il y a de l’espoir et l’espérance d’un avenir meilleur. Espérer dans le contexte biblique ne signifie pas rester immobile et silencieux, mais plutôt gémir, pleurer et travailler activement pour une nouvelle vie au milieu des luttes. Tout comme dans l’enfantement, nous vivons une période de douleur intense, mais une nouvelle vie arrive.

La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu (Romains 8,19)

La Création et nous tous sommes appelés à prier le Créateur, à travailler ensemble pour un avenir d’espérance active et d’action. C’est seulement lorsque nous travaillons ensemble avec la Création que les prémices de l’espérance peuvent naître. La théologie paulinienne nous rappelle que la Création et l’humanité sont toutes les deux conçues au commencement dans le Christ et, par conséquent, sont confiées l’une à l’autre.

La Création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu ! Les enfants de Dieu sont ceux qui tendent les mains vers le Créateur, qui se reconnaissent comme créatures humbles, pour prier et respecter Dieu, et, en même temps, pour aimer, respecter, prendre soin et apprendre du don de Dieu qu’est la Création. La Création n’est pas donnée à l’humanité pour qu’elle en use et en abuse, mais, plutôt, l’humanité est créée pour faire partie de la Création. Plus qu’une maison commune, la Création est également une famille cosmique qui nous appelle à agir avec responsabilité. C’est ainsi que les enfants de Dieu ont une vocation intrinsèque et un rôle important à jouer dans la révélation du royaume de justice (cf. Rom 8,19).

Les prémices de l’espérance (Rom 8,23-25)

L’espérance est un instrument nous permettant de dépasser la loi naturelle du déclin, de la décomposition. L’espérance nous est donnée par Dieu comme protection contre la futilité. C’est seulement grâce à l'espérance que nous pouvons réaliser en plénitude le don de la liberté. La liberté agit non seulement pour atteindre la jouissance et la prospérité, mais aussi pour atteindre le niveau où nous sommes libres et responsables. La liberté et la responsabilité nous permettent de faire du monde un endroit meilleur.

Nous agissons pour un avenir meilleur parce que nous savons que le Christ a vaincu la mort causée par nos péchés. Il y a beaucoup de souffrance sur Terre à cause de nos manquements. Nos péchés structurels et écologiques infligent de la douleur à la Terre et à toutes les créatures, nous y compris. Nous savons que nous avons causé beaucoup de dégâts à la Création et au monde dans lequel nous vivons à cause de notre négligence, à cause de notre ignorance, mais, aussi, dans de nombreux cas, à cause de notre désir incessant de satisfaire des rêves irréalistes et égoïstes (cf. Rom 8,22).

Une citation généralement attribuée à saint Augustin dit : « L’espérance a deux filles de toute beauté : la colère et le courage. La colère face aux choses telles qu’elles sont et le courage nécessaire pour les changer. » Alors que nous sommes les témoins des clameurs et des souffrances de la Terre et de toutes les créatures, laissons une sainte colère nous faire avancer vers le courage d’être pleins d’espérance et d’agir pour la justice. Nous croyons que l’Incarnation du Fils de Dieu nous sert de guide et nous permet de faire face à un monde perturbant. Dieu est avec nous dans nos efforts pour répondre aux défis du monde dans lequel nous vivons (cf. Rom 8,23).

Il y a différentes formes d’espérance. Cependant, l’espérance n’est pas simplement de l’optimisme. Ce n’est pas une illusion utopiste. Ce n’est pas l’attente d’un miracle magique. L’espérance est la confiance que notre action a du sens, même si les résultats de cette action ne sont pas immédiatement visibles (cf. Rom 8,24). L’espérance n’agit pas seule. Précédemment, dans sa lettre aux Romains, l’apôtre Paul explique la relation étroite de l’espérance comme processus de maturation : « la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance » (Rom 5,4). La patience et la persévérance sont des alliées intimes de l’espérance. Ce sont les qualités qui mènent à l’espérance.

Nous savons à quel point l’action courageuse pour maîtriser le climat et la crise écologique est urgente et nous savons également que la conversion écologique est un processus lent, car les humains sont têtus quand il faut changer d’avis, de cœur et de façon de vivre. Parfois, nous ne savons pas à quoi devraient ressembler nos actions. Alors que nous voyageons dans la vie, chaque jour, nous avons de nouvelles idées et de nouvelles inspirations afin de trouver un meilleur équilibre entre l’urgence et les rythmes lents d’un changement durable. Nous ne comprenons peut-être pas complètement tout ce qui se passe, nous ne comprenons peut-être pas les voies de Dieu, mais nous sommes appelés à faire confiance et à suivre avec des actions concrètes et soutenues, selon l’exemple du Christ, le Rédempteur de tout le Cosmos (cf. Rom 8,25).

Dans certaines langues, la traduction du passage paulinien dit que l’espérance n’est pas une attente passive, mais plutôt une espérance active (cf. Rom 8,20-21). Il y a beaucoup à apprendre des autres cultures et pays sur la façon d’espérer et d’agir ensemble avec la Création. Le verbe portugais « esperançar », ainsi que l’espagnol « esperanzar », exprime bien que l’espérance doit être comprise comme un verbe actif pour éviter de tomber dans le piège de la positivité superficielle. En français, il y a aussi deux différentes façons de parler de cette notion : « espoir », qui évoque l’attitude de l’attente, et « espérance », qui exprime la confiance active dans la lumière de Dieu. La même nuance apparaît dans la langue arabe qui distingue « amal (امل) » et « raja’ (رجاء) », et montre qu’il y a beaucoup de choses à prendre en compte dans ce que l’on veut dire quand on parle « d’espérance ».

Points de discussion pour réfléchir au thème et au symbole de cette année

 

Les différentes dimensions de l’espérance

L’espérance chrétienne n’est pas superficielle, elle est concrète. Notre espérance est enracinée dans la personnalité, les promesses et les actions de Dieu.

Elle a besoin de métanoïa, de conversion écologique et de réconciliation avec la Terre. L’Esprit est le seul qui guide notre conversion et nous mène plus profondément dans la compréhension du fait d’être une famille cosmique.

Elle répare la relation coupée entre les humains et la Terre, entre les créatures humaines et les autres créatures, entre les humains et Dieu. Réparation et repentir.

Pour changer le système, nous devons changer nos façons de penser.

Il est important pour nous d’écouter les voix qui pleurent et gémissent, les communautés qui perdent des terres et leurs moyens d’existence à cause du changement climatique, les espèces et les écosystèmes perdus, les victimes de l’extraction et des industries des combustibles fossiles.

Une espérance active dans les communautés chrétiennes peut être visible dans la sauvegarde de la Création, dans l’écoute de la clameur des pauvres, dans l’écoute de la clameur de la Terre.

L’espérance active nous inspire pour agir, parce que, lorsque nous sommes pleins d’espérance, nous pouvons agir et, donc, voir ce que nous espérons. Parce que, lorsque nous sommes pleins d’espérance, nous sommes disposés à agir.

L’action collective crée une espérance de base pour ceux qui souffrent d’anxiété climatique, accablés par le manque de temps. L’espérance chrétienne nourrit une action transformatrice.

La transformation prend du temps, nous devons être patients. L’espérance est aussi un processus qui demande de la patience.

L’espérance est la foi dans les choses que nous ne voyons pas, l’espérance est le savoir que demain sera meilleur parce que le Christ est ressuscité, il a vaincu tout mal, la vie surmonte tout.

L’espérance active est une valeur qui dépasse toute comptabilisation financière et a le pouvoir de changer le monde.

 

L’action comme signe des prémices de l’espérance

Nous ne voyons pas l’espérance, l’espérance est comme une graine. Vous devez être patient et la nourrir avec de l’eau pour la faire grandir. Si vous n’y mettez pas d’espérance, la graine pourrait ne pas pousser. Nous savons que, parfois, la graine peut mourir, mais l’espérance nous rappelle de continuer à semer.

Les prémices de l’espérance naissent quand nous travaillons collectivement en renouvelant la paix et l’harmonie dans toute la Création et avec la Création, en nourrissant la coexistence paisible, la fidélité, l’honnêteté et la transparence dans tout le cosmos.

Le Traité de non-prolifération des combustibles fossiles (TNPCF) est une initiative mondiale qui s’efforce d’atteindre un régime international complétant l’Accord de Paris pour répondre à la production toujours croissante de combustibles fossiles. C’est une action cohérente qui peut servir de boussole pour un avenir plein d’espérance.

Le TNPCF est un appel à la transformation, pas juste en ajustant nos émissions de GES, mais en nous montrant un changement de vie allant jusqu’à sortir de la production des combustibles fossiles.

L’action comme prémices de l’espérance peut ressembler à différentes choses : des campagnes de plaidoyer, des initiatives de durabilité et des formations pédagogiques pour aider à augmenter les compétences des communautés chrétiennes dans leur prise de conscience que la sauvegarde de la Création est centrale pour notre foi.

Les prémices de la foi peuvent être vues quand nous pensons et travaillons collectivement, quand nous reconnaissons notre dépendance à la Création, quand nous écoutons les clameurs de la Terre et les clameurs des pauvres, quand nous écoutons les voix de nos prochains dans le monde, impactés par le changement climatique, quand nous écoutons les voix prophétiques de nos frères et sœurs autochtones, quand nous écoutons les différentes créatures qui disparaissent et celles qui luttent pour vivre, quand nous écoutons les voix des jeunes et des enfants, quand nous apprenons des lents et puissants cycles de la vie des différentes espèces, des différents écosystèmes et des différents biomes, quand nous travaillons ensemble avec la Création et toutes les créatures pour un avenir meilleur.

 

Comment nous sommes appelés à espérer et à agir ensemble avec la Création

Pour espérer et agir ensemble avec la Création, nous devons véritablement écouter comment et pourquoi la Création gémit. Nous devons faire pression en faveur de plus d’action, nous sommes plus conscients qu’auparavant des problèmes.

La Création gémit. La Création fait partie de la révélation de Dieu, nous devons apprendre de et avec la Création pour savoir comment espérer et agir pour un avenir meilleur.

Bien que le témoignage des chrétiens autochtones et de leurs spiritualités soit respecté, ils ne sont pas écoutés. Habituellement, les Églises chrétiennes hésitent à parler de la Terre ou de la Création comme d’un être, alors que, pour les peuples autochtones et originels, c’est une partie intrinsèque de leur vision cosmique du monde et une façon de vivre.

La Création gémit, car les industries des combustibles fossiles créent des campagnes de greenwashing pour une énergie propre. Elles étendent leurs entreprises d’énergie au lieu de vraiment sortir des combustibles fossiles. Elles parlent de transition énergétique, mais elles ne font qu’une croissance énergétique pour ne pas diminuer leurs profits.

Nous devons reconnaître les dégâts causés par des décisions égoïstes et imprudentes qui ignorent les clameurs des plus marginalisés, y compris les réfugiés ou ceux qui sont déplacés par le changement climatique, l’exploitation minière et la dévastation écologique. La présence des grandes compagnies pétrolières à la COP 28 que nous avons vue l’année dernière en est un exemple flagrant.

Alors que les ressources et leur accès diminuent, il y a davantage de guerres. Le résultat inévitable de la crise climatique sera plus de violence. On ne peut pas avoir la paix sans un partage équitable des ressources.

La sagesse africaine de l’Ubuntu nous apprend que la perception de soi est façonnée par les relations avec les autres. Il faut tout un village pour élever un enfant. Il faut toute une famille cosmique pour prendre soin de la Création. Je suis parce que nous sommes, il en va de même pour la Création. Nous sommes la nature, la nature est nous, nous sommes les mains de Dieu pour une justice mondiale et cosmique.