Origène — Service diocésain de la catéchèse et du catéchuménat

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Origène

Figure incontournable de la vie de l’Église au tournant des IIe et IIIe siècles, Origène a laissé une marque profonde dans l’étude de la Bible. Son destin personnel ne lui permet pas d’intégrer la liste des Pères de l’Église, mais il a toute sa place dans notre série.

Une vie remplie

Originaire d’Alexandrie, Origène a grandi dans une famille chrétienne et a connu très tôt la rigueur de la persécution. Alors qu’il a dix-sept ans, son père Léonidas est martyrisé, laissant une marque profonde chez son fils : lui aussi voudra donner sa vie pour le Christ.

De formation littéraire et philosophique, Origène concentre toute son activité autour de l’Écriture sainte. C’est la méditation et le commentaire de la bible qui est la source de toute sa pensée et de son enseignement. Missionné par l’évêque Démétrius, il prend en charge la formation des catéchumènes et anime une école.

À cause d’une lecture trop littérale de l’évangile selon saint Matthieu (« il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du Royaume des cieux. » Mt 19, 12), il s’est vraisemblablement mutilé lui-même. Il n’a jamais revendiqué ce geste et a même condamné à la fin de sa vie une telle lecture de l’Évangile.

Hors de son école, son activité de prédication pose alors question puisqu’il est laïc. Il se rapproche alors de l’évêque de Césarée qui l’ordonne prêtre, ce qui entraîne son bannissement d’Alexandrie. Toutefois il reste attaché au sacerdoce commun des fidèles, c’est-à-dire au fait que chaque baptisé est appelé à offrir toute sa vie à Dieu.

« Tu possèdes donc le sacerdoce car tu es une "race royale", et tu dois donc offrir à Dieu le sacrifice... Mais pour que tu puisses l'offrir dignement, tu as besoin de vêtements purs et différents des vêtements communs aux autres hommes, et le feu divin t'est nécessaire » (Homélie sur le Lévitique, 9, 1)

Il détaille ensuite : les nouveaux vêtements du chrétien sont la pureté et l’honnêteté de vie, tandis que la lumière du feu divin se manifeste dans la foi et la science des Écritures.

La marque du martyre imprimée dès son enfance jaillit dans son enseignement. La vie de tout chrétien s’accomplit dans le martyre. Il s’agit de s’offrir en holocauste sur l’autel de Dieu. Origène meurt en 254 des suites des tortures infligées lors de la persécution de Dèce quelques années auparavant, il n’est donc pas considéré comme un martyr par l’Église.

Une production abondante

Origène est sans doute l’auteur le plus prolifique de l’antiquité chrétienne, bien servi par l’atelier de copiste mis à son service. Malheureusement les doutes émis à Alexandrie sur son intégrité physique et sur son obéissance à l’évêque ont conduit à une violente condamnation de sa pensée et à la destruction massive de son œuvre.

On peut toutefois retenir de son enseignement une triple lecture de la bible. Origène distingue trois sens du texte :

  • Sens littéral (sens du mot, fait historique)
  • Sens moral (que devons-nous faire ?)
  • Sens spirituel (toute l’Écriture parle du Christ, unité des mystères)

Cette méthode permet de lire l’Ancien Testament de façon vivante et nouvelle, en réfutant les critiques marcionites (opposition entre le Dieu vengeur de l’Ancien Testament et le Dieu d’amour du Nouveau) ou gnostiques (la foi comme une connaissance cachée à découvrir et à se transmettre).

« Cherche donc, toi aussi, tous les signes de l’Ancien Testament et demande-toi quelles réalités du Nouveau ils préfigurent ; et dans les figures du Nouveau Testament, cherche quelles réalités ils annoncent pour le monde à venir, ou du moins pour les siècles futurs, postérieurs à l’accomplissement du signe » (Commentaire sur S. Matthieu, 12, 3)

Pour effectuer ce travail d’interprétation, Origène travaille la bible selon trois aspects :

  • Établissement du texte grâce à l’édition des Hexaples (texte en six colonnes : hébreu, hébreu translittéré en grec, quatre traductions grecques) ;
  • Commentaires des Pères et rédaction de son propre commentaire verset par verset, avec rigueur ;
  • Prédication publique

Prière et amour

Origène « est convaincu que la voie privilégiée pour connaître Dieu est l'amour, et qu'il n'y a pas d'authentique scientia Christi [connaissance du Christ] sans tomber amoureux de Lui[1]. »

En hébreu le verbe « connaître » est aussi utilisé pour désigner la relation sexuelle. L’amour est donc le sommet de la connaissance. Le Cantique des cantiques sera une riche source d’inspiration pour lui.

« Dieu n’habite pas la terre mais le cœur de l’homme. Tu cherches la demeure de Dieu ? Il habite les cœurs purs. Il a annoncé par le prophète qu’il y demeurerait : ‘j’y habiterai, je m’y promènerai, ils seront mon peuple, je serai leur Dieu, dit le Seigneur’ (Lv 26, 12). Considère donc qu’en chacune de nos âmes est creusé un puits d’eau vive ; il s’y rencontre un certain sens céleste, l’image de Dieu s’y abrite. » (Homélies sur la Genèse, 1, 3)

 

[1] Benoît XVI, audience générale du 2 mai 2007, Rome