Saint Polycarpe de Smyrne — Service diocésain de la catéchèse et du catéchuménat

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Saint Polycarpe de Smyrne

Dans notre série « Les Pères de l’Église », nous continuons ce mois-ci de découvrir les pères apostoliques – ceux qui ont connu les apôtres -. Après saint Ignace d’Antioche le mois dernier, faisons connaissance aujourd’hui avec saint Polycarpe.

Il y a 86 ans que je le sers et il ne m’a jamais fait aucun mal.
Comment pourrais-je blasphémer mon Roi et mon Sauveur ? », Martyre de Polycarpe, 9.

La vie de Polycarpe

Polycarpe, dont le nom en grec – polykarpos – veut dire « beaucoup de fruits », est né vers 70 de parents chrétiens et mort (brûlé vif) en 155 ou en 167. Il était un disciple direct de l'apôtre Jean et le second évêque de Smyrne (aujourd'hui Izmir) en Turquie. Mort martyr pour la foi, ce saint et dernier Père apostolique est commémoré le 23 février.

Grâce à saint Irénée, évêque de Lyon au IIème siècle (lui aussi Père de l’Église que nous découvrirons plus en détail au mois de février), nous savons que Polycarpe fut le disciple de Jean et d’autres témoins du Seigneur :

Et Polycarpe ? Non seulement, il a été instruit par les Apôtres et a vécu avec beaucoup de ceux qui ont vu Notre-Seigneur, mais c’est encore par les Apôtres que dans l’Église de Smyrne en Asie, il a été constitué évêque. Nous-même l’avons vu dans notre premier âge (car il a vécu longtemps et était tout à fait vieux lorsqu’il est sorti de cette vie par un très glorieux et illustre martyre). Or il a toujours enseigné ce qu’il avait appris des Apôtres, cette doctrine que l’Église aussi transmet et qui est la seule vraie. Toutes les Églises qui sont en Asie l’attestent, et tous ceux qui jusqu’à ce jour ont succédé à Polycarpe. Irénée, Adversus haereses. III, 34. (Traité contre les hérésies)

Comme nous pouvons le lire dans la citation ci-dessus, Polycarpe fut institué Évêque de Smyrne, probablement, par recoupement et selon des écrits d’Ignace d’Antioche, aux environ de l’an 107. Saint Polycarpe ne serait pas d’origine juive ; voilà ce qu’il dit dans sa lettre aux Philippiens, seule et unique trace qui nous reste de ses différentes lettres :

Je suis persuadé que vous êtes très versés dans les saintes Lettres qui ne renferment pas de secret pour vous. Moi, je ne puis en dire autant. Phil. 12, 1

Il a eu une activité apostolique très intense comme nous en témoigne encore Irénée de Lyon et il rencontre le Pape Anicet à Rome sans doute vers l’an 154, quarante ans après avoir écrit sa lettre aux Philippiens.

Au cours d’un voyage à Rome sous Anicet, Polycarpe convertit à l’Église de Dieu beaucoup des hérétiques dont il vient d’être question, proclamant qu’il n’avait reçu des Apôtres qu’une seule et unique vérité, celle-là même qui est transmise par l’Église. Irénée, Adv. haer. III, 3, 4

Un tel homme est un témoin de la vérité autrement sûr et digne de foi que Valentin, Marcion, et tous les autres qui pensent de travers. Irénée, Adv. haer. III, 34

Polycarpe meurt en martyr lors d’une persécution qui éclate à Smyrne, sous le proconsulat de Statius Quadratus. Ce martyre nous est raconté en détail dans une lettre que l’Église de Smyrne adresse à l’Église de Philomélium et à toutes les chrétientés du monde appartenant à l’Église catholique.

L’évêque de Smyrne fut brûlé vif ; instruit par une vision, il en avait fait la prophétie. Mais le feu ne consumant pas le corps, d’un coup de poignard, on acheva le vieillard. Selon la coutume païenne, la dépouille fut ensuite brûlée. Les chrétiens de Smyrne en recueillirent les ossements.

La lettre aux Philippiens

Cette lettre, écrite vers l’an 107 compte 14 chapitres. C’est parce qu’il souhaite leur envoyer les lettres d’Ignace d’Antioche que Polycarpe décide de joindre à son envoi, pour la communauté de Philippe, une exhortation - ou suite d’exhortations - sur la fidélité à la vraie foi et à la pratique de la vie chrétienne. Il adresse des conseils aux fidèles, aux diacres, aux jeunes gens et aux presbytres.

Pour nous aujourd’hui

Ce que l’on peut en retenir c’est que, bien que « vieille » de presque 1 900 ans, cette lettre reste bien actuelle et nous interpelle. Voici ses conseils :

  • Aux fidèles - qu’ils relisent la lettre du « bienheureux et glorieux Paul » pour les affermir dans la foi qu’ils ont reçue (3) car cette foi est notre « mère à tous » (cf. Ga 4, 26) (ch. 3). La solide racine de leur foi porte des fruits (1, 2),
  • Aux diacres - qu’ils marchent dans la voie de la vérité tracée par le Seigneur qui s’est fait le diacre (serviteur) de tous (5, 2) car les diacres sont diacres (serviteurs) de Dieu et du Christ et non des hommes (5, 2) ;
  • Aux jeunes gens – qu’ils mettent un frein à leurs moindres mauvais désirs, s’affranchissent de toutes les passions de ce monde, car toute passion combat contre l’esprit (5, 3).
  • Aux presbytres - ils sont exhortés à la bienveillance : qu’ils ne croient pas facilement au mal, qu’ils ne soient pas durs dans leurs jugements, se rappelant que nous avons tous contracté la dette du péché. (7)

Ce qui est recommandé par-dessus tout - et ceci est capital -, c’est la fidélité à la tradition : Disons donc adieu aux vanités de la foule et aux fausses doctrines, revenons à l’enseignement qui nous a été transmis dès le commencement. (7, 2)

Nombreuses sont les relations que nous pouvons faire avec ce que nous vivons au XXIème siècle en catéchèse (catéchèse kérygmatique, pédagogie de l’initiation, formation, prière …) mais aussi en règle générale dans l’Église.